Décès d’Hubert Zehnacker (1933-2021)

In memoriam

© Dominique Biasi

Terminant son deuxième rapport moral en qualité de président sortant de la SFN, H. Zehnacker, en mars 2003, eut ces mots : « Si j’ai accepté [de présider les séances de la SFN], ce fut… surtout parce que je me suis souvenu que mon maître, Jacques Heurgon, a été président de la SFN de 1961 à 1963, et que je souhaitais trouver une occasion de lui rendre hommage. Mieux que personne, Jacques Heurgon m’a appris, par son enseignement et son exemple, que toutes les disciplines philologiques et historiques, y compris celles qu’on appelle les sciences auxiliaires, sont interdépendantes, et qu’il faut en maîtriser le plus grand nombre possible pour avoir une vision complète du devenir humain ».

Et c’est du reste sous la présidence de J. Heurgon qu’il avait été élu membre de la SFN, le 8 avril 1961, parrainé par J. Lafaurie et J. Heurgon. Il était donc l’un de nos plus anciens membres. Titularisé sur rapport de J.-P. Callu en mars 1985, il entra au Conseil d’Administration de la SFN en mars 1999, en devint le président pour deux années en 2001. Élu membre d’honneur en 2005, il avait souhaité, en 2017, libérer une place qu’il jugeait qu’il ne méritait plus.

Hubert Zehnacker était né à Strasbourg le 25 mars 1933 ; après des études brillantes qui le vit intégrer l’École Normale Supérieure en 1953, il revint dans sa ville natale en 1960 pour gravir tous les échelons universitaires à ce qui était alors la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg. Professeur des Universités, il fut appelé à succéder à Pierre Grimal à la Sorbonne en 1983. Professeur émérite en 2005, un livre d’hommages lui fut offert en 2006 (Aere Perennivs. Hommage à Hubert Zehnacker sous la direction de J. Champeaux et M. Chassignet, PUPS) qui réunissait cinquante contributions reflétant la double vocation de H. Zehnacker : numismate et historien de la littérature, savant éditeur de Pline, qui avait fait siens les préceptes de son maître J. Heurgon. Dans cet ouvrage, j’avais eu l’honneur de rendre hommage à son œuvre numismatique.

De celle-ci (dont on trouvera la liste dans Aere Perennivs, p. 15-20), on retiendra évidemment Moneta (1973), un livre volumineux qui a pu malheureusement sembler daté très vite car l’année suivante parut le Roman Republican Coinage de M. Crawford. Mais si on veut bien considérer que Moneta n’est pas un traité complet du monnayage de la République romaine, ses apports sont encore aujourd’hui primordiaux. Éminent spécialiste de la littérature latine, l’édition du livre XXXIII de Pline est venue en prolongement naturel de ses travaux numismatiques, puisqu’aux paragraphes 42 à 47 figure un survol rapide de l’histoire de la monnaie romaine.

Hubert Zehnacker laissera l’image d’un homme d’une très grande culture et tous ceux qui ont suivi son enseignement, qui l’ont côtoyé, auront apprécié sa rigueur courtoise, son aménité souriante, sa modestie, sa discrétion.

Michel Amandry