Décès de Fernand Arbez (1939-2017)

« Le 4 novembre dernier, notre ami Fernand Arbez participait activement à notre séance mensuelle après avoir partagé un déjeuner amical avec plusieurs d’entre nous. Malgré deux lourdes affections de santé de longue durée (ALD) qui lui valurent de nombreuses hospitalisations depuis une dizaine d’années, il nous était totalement fidèle et tenait à être présent parmi nous, tant à nos séances qu’aux Journées numismatiques, toutes les fois que son état de santé le lui permettait.

Dans la semaine qui suivit cette séance, il dut subir en urgence une intervention chirurgicale imprévue. Malgré le succès de l’opération pratiquée le 11 novembre, il devait décéder d’un arrêt du cœur le 13. Il venait de fêter ses 78 ans le 15 octobre.

Fernand Arbez était un autodidacte qui accomplit à la SNCF une brillante carrière grâce à la qualité de la formation professionnelle qu’il reçut pendant les “Trente Glorieuses”, à l’instar de l’exemple bien connu de Pierre Bérégovoy. Ayant exprimé dès son enfance l’ardent désir de devenir conducteur de train, il entra en apprentissage à la SNCF dès l’âge de 15 ans et, grâce à la formation permanente et à la formation continue, il réussit à réaliser son rêve.

Il était par ailleurs passionné d’histoire et s’intéressa tôt aux monnaies dont il pensait, comme Jean Babelon, qu’elles “racontent l’histoire”. Membre de l’Association des Cheminots numismates, il y rencontra Laurent Schmitt qui l’amena à notre Société ainsi qu’à la SÉNA.

Dès 1988, Fernand Arbez participa aux Journées numismatiques chaque année jusqu’à sa maladie. Il devint membre correspondant de la SFN en 1993, puis membre titulaire en 2001 après plusieurs communications remarquées et deux articles dans la Revue numismatique, dont le premier, en 1996, fit connaître pour la première fois le fonctionnement d’une régie générale des monnaies créée par Colbert. Fernand Arbez en effet avait pris l’habitude de fréquenter quotidiennement les Archives nationales depuis les années 1980. Pendant plus de 25 ans, il y dépouilla la majorité du fonds Z16 de la Cour des Monnaies (plus de 1000 articles) et, novation très importante par rapport à ses prédécesseurs dans les archives, F. de Saulcy et P. Prieur, il y ajouta l’étude de plusieurs milliers d’arrêts du Conseil du Roi (série E) dont il établit un résumé synthétique pour environ 1500 d’entre eux intéressant les monnaies. Il étudia également les papiers des contrôleurs généraux des finances (série G7), les registres des provisions d’offices (série V1), ainsi que d’autres fonds (minutier central, série KK, etc.). Le Cabinet des Médailles a reçu de sa part un CD-Rom concernant les arrêts du Conseil du Roi (plus de 200 pages).

Fernand Arbez laisse un grand nombre de papiers à exploiter malgré ses communications et ses articles qui ont fait connaître de très nombreux documents d’archives inédits. Nombreux sont les numismates qui lui doivent beaucoup, même s’ils ne le citent pas toujours. Pour ma part, sa contribution concerne plus de la moitié de mes communications et articles traitant des monnaies royales françaises.

Homme particulièrement généreux, soucieux de faire partager ses connaissances et ses découvertes, Fernand Arbez était un homme profondément fidèle en amitié : pour lui, notre Société et les SÉNA constituaient une seconde famille. En sa personne, nous perdons un homme de grande qualité et un très grand numismate, issu du rang, et dont nous pouvons être fiers. »

Christian CHARLET