Archives et manuscrits du Cabinet des Médailles

Le Département des monnaies, médailles et antiques de la BnF réunit depuis son origine, les documents utiles à l’étude de ses collections : ouvrages imprimés, mais aussi archives et manuscrits.

Dès le XVIIe siècle, Louis XIV fit dresser les catalogues manuscrits de ses collections du Cabinet de Versailles, soigneusement calligraphiés et illustrés de dessins en couleurs, et reliés de maroquin à ses armes armes. Des inventaires et catalogues de l’ensemble ou partie des collections du Cabinet des Médailles seront à plusieurs reprises effectués, à diverses occasions : mises à jour des séries précédentes, inventaires avant et après déménagements, inventaires d’ensembles récemment étudiés, d’acquisitions, de grands dons ou saisies révolutionnaires…Des compte-rendus de ces opérations sont conservés dans les collections de manuscrits du Département, ainsi que les inventaires et catalogues eux-mêmes : voir la Base archives et manuscrits, Registres , sections 10.09.01 et 10.09.02

Les gardes, bibliothécaires ou conservateurs du Cabinet prirent aussi l’habitude de garder une trace écrite des événements survenus quotidiennement, ce qui fournit une source très riche pour l’histoire du Cabinet des médailles et de la Bibliothèque nationale de France en particulier et de la numismatique et de l’archéologie en général [1]. Acquisitions, échanges, dons, dépôts, constats de vols, circonstances de trouvailles monétaires, aménagements architecturaux ou mobiliers, relations avec les collectionneurs, antiquaires, visiteurs de marque, sociétés savantes, gens de lettres ou confrères parisiens, provinciaux et étrangers, distinctions honorifiques, nominations, embauches, deuils, rémunérations, comptabilités, tracasseries administratives, etc… notés au jour le jour, voisinent dans un unique « Journal du Cabinet des médailles », ou se diversifient en multiples papiers de tous formats reliés ou volants, registres, carnets, dossiers, agendas, cartons d’invitations, lettres autographes, recueils factices, tapuscrits, fichiers, factures, classeurs, dessins, affiches, estampes, cuivres, moulages, frottis, photographies, étiquettes, etc… On trouve ces Journaux dans BAM

A partir du XIXe siècle, plusieurs classements et systèmes de cotations ont été mis en œuvre (notamment par l’administration Chabouillet). Beaucoup de documents ont été relégués dans les combles, éparpillés, perdus quelquefois ou oubliés. En règle générale, les documents reliés furent baptisés « manuscrits » et rangés en réserve. Les autres, conservés ailleurs dans des cartons, furent nommés « archives ». La description systématique de ces fonds n’a réellement débuté que dans les années 1990-2000.[2] En 2010, le récolement de 650 « manuscrits » a été effectué et leur catalogue 1997[3] enrichi de pièces non répertoriées. Depuis 2011, le traitement des archives est entré dans une nouvelle phase : exploration systématique des placards, repérage et identification des fonds exhumés, tri sommaire ou classement approfondi[4] selon les possibilités et conditionnement dans des boites aussi standard que possible. Les divers objets en sont extraits pour être réunis aux collections muséales. Pour signaler les archives redécouvertes en 2011, l’état de 2008[5] a été augmenté. Un premier transport de ces fonds, avec les archives historiques déjà connues, a été organisé à l’automne 2011 vers les magasins de la Mission archives BnF à Tolbiac qui les abritera durant les travaux. Ils y ont rejoint les cartons d’archives « privées » transférés il y a quelques années. Au total : 297 ml de fonds d’archives et manuscrits promis à croître, fusionner en grande partie et gagner en visibilité. En 2012, le travail s’est poursuivi. La conversion rétrospective des divers catalogues partiels vers le catalogue électronique unique BnF Archives et manuscrits, en langage archivistique EAD, a été lancée en coopération avec la Mission archives. Le début de la numérisation dans Gallica, ainsi qu’un ultime transport de fonds vers les magasins de Tolbiac — après de nouvelles « trouvailles » complétant leur signalement — sont prévus pour 2013.

[1]Voir : Thierry Sarmant : Le Cabinet des médailles de la bibliothèque nationale, 1661-1848, Paris, Ecole des Chartes, 1994 ; La République des médailles : numismates et collections numismatiques à Paris du Grand Siècle au siècle des Lumières, Paris, Champion, 2003 ; Jean Guillemain, Un cas particulier d’archives privées : les papiers des numismates. Diplôme de conservateur de bibliothèque, Mémoire d’études, 2003 ; Felicity Bodenstein, Le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de 1848 à 1917, 2006. Mémoire de Master 2, Université de Paris IV-Sorbonne.

[2]Voir « De papier et de métal : les archives du Département des monnaies, médailles et antiques », par Thierry Sarmant, dans Revue de la BnF 2009/1 (n°31), p. 43-51.

[3]Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du Cabinet des médailles, par Laurent Henrichs et Thierry Sarmant, 1997. Egalement sur le site archivesmonetaires.org

[4]Exemples : le fonds Henri Seyrig, (1895-1973), Directeur général des Antiquités de Syrie et du Liban, fondateur de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient, détaillant sa cession au Cabinet des médailles, par dons ou vente, d’importantes collections de monnaies grecques, de bijoux et sceaux ; ou les archives privées de Jean Lafaurie, (1914-2008), Conservateur au cabinet des médailles, Directeur d’études à l’École pratique des hautes études et Directeur de la Revue numismatique.

[5]Etat général des fonds d’archives du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, par Aurélie Lavillonnière, sous la direction de Thierry Sarmant, 2008.