Décès de Françoise Dumas (1932-2024)

Françoise Dumas (14 octobre 1932-21 mars 2024)

Françoise Dumas nous a quittés le 21 mars après avoir lutté pendant des années avec le soutien de son mari Etienne contre l’inexorable progrès de la maladie de Parkinson, puis, après le décès brutal de celui-ci en 2000, avec l’aide de ses quatre enfants, manifestant en cette dernière épreuve le courage qui la caractérisait.

Elle était née Françoise Dubourg d’un père ingénieur dont elle avait hérité probablement sa rigueur scientifique tandis que son grand-père, ancien doyen de la Faculté de droit de Dijon lui léguait son attachement à l’histoire bourguignonne, sa bibliothèque et son intérêt pour la numismatique[1]. Dès son entrée à l’Ecole des Chartes en 1953 dont elle sortit 3e en 1957, elle fréquente les cours de numismatique médiévale de Jean Lafaurie à l’EPHE, et les fréquente encore en 1958/1959[2]. Elle est alors entrée au Cabinet des Médailles comme stagiaire puis conservateur[3], affectation toute normale puisqu’elle avait consacré son mémoire de l’Ecole aux Monnaies des ducs de Bourgogne. Elle travaillera au Département vingt ans sans discontinuer et nombre d’entre nous se souviennent de sa présence studieuse dans le premier bureau de conservateur de la Salle Barthélemy comme de sa disponibilité à répondre à des questions ciblées mais en évitant tout bavardage inutile, condition indispensable de ses nombreuses études que nous allons évoquer. Ce qui pouvait passer pour de la sévérité à ceux qui ne la connaissaient pas et les impressionnaient, n’empêchait pas le plaisir des échanges à l’heure du déjeuner frugal dans la « crèmerie » de la rue Colbert avec quelques amies chartistes, ou jeunes numismates comme Claude Brenot. Nous y étions souvent rejoints par son époux dont l’humour acéré séduisait et terrifiait tour à tour. Le repas était toujours pris à heure fixe puisque le Cabinet fermait alors entre midi et une heure. À heure fixe aussi le souci de ses quatre enfants nés entre 1959 et 1972 lui faisait ranger ses dossiers et regagner l’appartement du Bd Raspail où elle savait aussi recevoir visiteurs étrangers et collègues et leur faire connaître des artistes amis de son mari architecte, centralien de la promotion 1957, admis aux Beaux-arts en 1954, qui travailla notamment à la construction de la Tour Montparnasse puis fut à la fin des années 80 l’architecte chargé des bâtiments de la BN.

Elle quitta le Cabinet des Médailles à quarante-cinq ans en pleine maturité, après la nomination de Georges Le Rider à la tête de la Bibliothèque nationale et celle d’Hélène Nicolet comme directeur du Département en 1977. De novembre 1978 à novembre 1981 elle dirigea le Service des publications de la Bibliothèque et succéda à cette date à Mme Marguerite Hautecoeur comme directeur de la Bibliothèque de l’Institut de France, avec le titre de conservateur général jusqu’à son départ en retraite en 1994.

Le témoignage d’Annie Chassagne, conservateur à la bibliothèque de l’Institut (BIF) de 1983 à 2011, qui a bien connu Françoise Dumas et que je remercie, permet de décrire un dernier aspect de ses talents : l’énergie dans l’organisation et son souci de la modernisation et de l’ouverture. Elle eut en effet à mettre en ordre le rapatriement de Chantilly de l’immense collection Spoelberch de Lovenjoul, à en intégrer les 1 500 manuscrits de Balzac et d’autres et les périodiques manquant à la BIF. Elle mit en œuvre la numérisation du catalogue au format OCLC. Elle prit aussi l’initiative d’ouvrir un espace à côté de la salle de lecture consacré aux nouvelles acquisitions et à la presse, toujours apprécié des académiciens de nos jours. Elle voulut accueillir les lecteurs extérieurs et institua cette tradition toujours observée mais désormais limitée par l’obligation d’une recommandation académique.

Marc Bompaire va retracer son rôle à la SFN, à la Société des Antiquaires de France et surtout son apport à la numismatique française. Pour ne pas froisser la modestie de Marc j’évoque la réception de l’ouvrage majeur qu’il écrivit avec elle, le volume Numismatique médiévale de la série « l’Atelier du Médiéviste », qui parut en 2000 et reçut le Prix Duchalais de l’AIBL.  L’ouvrage fit l’objet de multiples comptes rendus, dont voici quelques extraits. Dans la BEC  159/2, 2001, 643-646) J. Kerhervé loue les auteurs qui « s’avançant avec prudence et modestie, en dépit de leur science et de leur virtuosité, ne dissimulent rien des difficultés du sujet…. » « Formés à la sévère école des chartistes, ils ont produit un ouvrage d’une haute tenue…une belle œuvre dans la grande tradition de l’érudition numismatique française ». Notre collègue Christophe Vellet soulignait dans la RN, 157, 2001, p. 522-524 que ce « véritable ouvrage de référence » « répondra… à une attente des spécialistes autant qu’à celle des non spécialistes vis-à-vis d’une discipline en mal de synthèses, particulièrement en langue française » « L’ensemble fourmille d’exemples concrets, d’avis de bon sens pratique » « un outil de travail quotidien du spécialiste et une mine de renseignements, un véritable ouvrage de référence ». Il reste en effet vingt ans après une référence établie puisque l’éditeur en prévoit une édition mise à jour à laquelle Marc va s’atteler. Cette carrière brillante de bibliothécaire et de chercheur fut accompagnée de nombreux prix : prix de la société de Sauvegarde de l’art français, de la SFN (prix Babut à quatre reprises) ou de l’AIBL (prix Duchalais à trois reprises – un record – et second prix Gobert en 1971) et distinctions (Palmes académiques)…

[M. B.] À côté des distinctions reçues par Françoise Dumas et dont l’une a ainsi rejailli sur moi, j’évoquerai son attachement et sa fidélité à deux sociétés savantes, la société nationale des Antiquaires de France où après avoir été élue membre résidant en 1987 elle fut successivement secrétaire adjointe, secrétaire en 1988-1990 et second puis premier vice-Président en 2000-2002 et bien sûr la SFN.

Le mois qui suivit son élection, sous le parrainage de Jean Babelon et Jean Lafaurie, elle y prononçait en mai 1958 sa première communication et celles-ci se succèdent durant la période où elle était au Cabinet des médailles et de façon plus espacée ensuite (plus de 50 jusqu’à 2009), mais elle resta longtemps assidue à nos séances où elle parut pour la dernière fois lors de l’AG de 2017. Ses contributions à la RN depuis 1958 ont suivi la même évolution, de 1958 jusqu’à son article de 2015, cosigné avec sa camarade de promotion des chartes Monique Mestayer, qui propose une lecture monétaire des comptes de Douai du xive siècle édités par cette dernière. Le recours aux archives se manifeste dès son premier gros article de 1959 sur « Les frappes monétaires en Béarn et Basse Navarre d’après les comptes conservés aux archives départementales des Basses-Pyrénées » qui venait éclairer l’étude du « trésor de Lescun (Basse-Pyrénées) » qu’elle proposait dans le même volume de la RN, un diptyque illustrant sa méthode de travail et son implication dans l’étude des trésors monétaires.

Son implication dans la vie de la SFN se manifeste aussi par sa participation fidèle aux Journées numismatiques depuis 1959 jusqu’à celles de Dijon en 2009, avec des contributions aux catalogues, et par les responsabilités qu’elle y occupa après son élection comme membre titulaire en1959. Elle fut la première femme à exercer la présidence de 1975 à 1977, au moment même où elle devenait la première directrice élue de la Revue numismatique (de 1977 à 1994). Après lui avoir décerné le titre de membre d’honneur en 1996 notre société lui consacra naturellement en octobre 2007, à l’initiative de Michel Dhénin, une journée d’hommage qui fut publiée dans la RN 2008 où elle dressa la bibliographie thématique de ses travaux, à laquelle nous proposerons un rapide complément à paraître dans la RN 2025.

C’est néanmoins l’importance de ses travaux sur le Moyen Âge français qu’il convient d’évoquer, autour de quatre ouvrages majeurs comme en témoignent les prix et les comptes rendus qui en ont été faits ; ils sont demeurés des références. C’est autour d’eux que s’est déployée son activité de recherche. Sa thèse d’École des chartes sur Le monnayage des ducs de Bourgogne de 1957 a été bientôt exploitée dans deux gros articles des Annales de Bourgogne en 1962 et 1965 qui lui valurent le prix Duchalais en 1966 avant de déboucher sur un ouvrage magistral en 1988 : Le monnayage des ducs de Bourgogne,Louvain-la-Neuve, 1988 , XVIII-419 p., XXX pl. (Publications d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université catholique de Louvain, LIII. Numismatica lovaniensia, 8).

Le trésor de Fécamp qui fit l’objet de sa thèse et de son diplôme de l’EPHE fut publié de façon extrêmement soignée en 1971 Le trésor de Fécamp et le monnayage en Francie occidentale pendant la seconde moitié du Xe siècle, Paris, 1971, XXX-303 p., 30 pl. (Comité des travaux historiques et scientifiques. Mémoires de la section d’Archéologie, I) et fut couronné par le second prix Gobert de l’AIBL et le Prix Babut de la SFN.

Ce travail fut prolongé par une série d’articles sur les monnaies normandes, d’une part, et sur les monnaies carolingiennes et la monnaie au xe siècle et en particulier le monnayage du roi Raoul de Bourgogne, autant d’articles qui restent la référence et le point de départ des enquêtes plus récentes.

Il en va de même de l’enquête menées sur les monnaies et monnayages de l’époque de Philippe Auguste dans un article de synthèse qui fait le pendant du volume publié avec Jean-Noël Barrandon Le titre et le poids de fin des monnaies sous le règne de Philippe Auguste, Sophia-Antipolis, 1982, 104 p. (Cahiers Ernest-Babelon, I). Avec cet ouvrage Fr. Dumas ouvrait le champ nouveau des analyses métalliques non destructives menées avec Jean-Noël Barrandon (il s’agit en effet du premier des Cahiers Ernest Babelon). Cet intérêt pour les analyses était déjà présent dans l’étude du trésor de Fécamp en 1971 qui avait posé les jalons d’une étude globale avec des analyses métalliques, métrologiques et des études de coins, une première en numismatique médiévale longtemps restée sans grande postérité jusqu’au développement des photos numériques. Cette collaboration interdisciplinaire avec J.-N. Barrandon l’a aussi conduite à poser la base des recherches sur le monnayage lié aux mines de Melle en Poitou. Pour étudier les monnaies de Philippe Auguste, Fr. Dumas s’est aussi appuyé sur le trésor de Gisors et ses 11 739 pièces, ce qui, avec les 10 000 pièces de Fécamp, témoigne de son courage pour affronter des « trésors géants » et elle a tenu à en assurer la publication en 2013 et à boucler ainsi tous les dossiers sur lesquels elle avait travaillé.

Pour conclure nous pensons qu’une journée Jeunes chercheurs comme celle d’aujourd’hui est la meilleure occasion pour rendre hommage à Françoise Dumas, exemple d’honnêteté et de rigueur scientifique qui fut toujours pleine de bienveillance et d’attention aux demandes de ceux qui la sollicitaient. D’autres plus jeunes que moi en ont fait la précieuse expérience mais je ne peux oublier la façon dont elle fut ma marraine à la SFN et m’accueillit à ma première visite au Cabinet des médailles. Je considère comme un grand privilège d’avoir pu travailler au quotidien avec elle pendant les années consacrées au projet Numismatique médiévale même s’il n’était pas toujours facile de savoir d’emblée si elle avait des réserves sur les premiers jets que je proposais tant elle était faite de discrétion et de bienveillance.

Marc BOMPAIRE et Cécile MORRISSON


[1] Joseph-Bernard-Maurice Vignes (1868-1943). Agrégé de droit, doyen honoraire de la faculté de Droit de Dijon, auteur de plusieurs ouvrages d’économie politique, né à Loupiac Gironde, mort à Tailly, Côte d’Or. https://data.bnf.fr/fr/10713649/maurice_vignes/fr.pdf

[2] Annuaire EPHE 1956/1957, p. 54-55.

[3] Parmi les thèses de la promotion 1957 soutenues du 8 au 11 avril, la BEC 1957 cite celle de Françoise Dubourg et ses rapporteurs P. Deschamps et J. Babelon p. 282

Hommage à Jacques Yvon (1923-1983) à l’occasion du centenaire de sa naissance

Jacques Yvon est né à Paris le 16 novembre 1923. Sorti de l’École des Chartes en 1948, il rejoignit la Bibliothèque Nationale le 1er décembre 1950 et fut affecté au Cabinet des Médailles en 1951 où il demeura 20 ans. Rien ne le prédestinait à la numismatique, mais il s’y passionna et devint un éminent spécialiste de la numismatique médiévale et de celle de l’Orient latin. La Société française lui doit beaucoup. Titularisé dès le 5 avril 1952, il succéda à Jean Lafaurie comme secrétaire du Bulletin le 5 mars 1955 et il le demeura jusqu’en 1965, date à laquelle Claude Brenot devint secrétaire de la publication. Vice-président de 1965 à 1967, il devient président de la SFN en 1967, au fauteuil de Pierre Bastien. Il joua un rôle très actif dans l’organisation de Journées Numismatiques dont les premières se déroulèrent à Lyon en 1956. Accompagné de son épouse Anne-Marie (née Briand), il assista à toutes les Journées, de 1956 à 1970, à l’exception de celle de 1960, qui se déroulait à Strasbourg, car il se trouvait au même moment à New-York, en qualité de Visiting Scholar à l’American Numismatic Society.

Son activité scientifique fut inlassable. J’ai compté une cinquantaine de communications aux séances de la SFN de 1952 à 1971. De 1953 à 1968, il publia neuf articles dans la Revue Numismatique et il édita les Tables des années 1916-1956. Il fut également l’éditeur, en collaboration avec Helen W. Mitchell Brown du volume II du Survey of Numismatic Research 1966-1971 portant sur Medieval and Oriental Numismatics, dont il écrivit le chapitre Orient Latin et Arménie.

Jacques Yvon en 1968

Il ne put se rendre à New York et Washington en 1973, car son souhait d’exercer une pleine responsabilité le conduisit à postuler à la direction de la bibliothèque municipale de Bordeaux, dont il obtint le poste de conservateur en chef en 1971. Il s’éloigna alors de la numismatique, mais fit une dernière communication à la SFN en 1978 où il présenta, avec J.- P. Bost et D. Nony, les monnaies des fouilles de Saint-Christoly. Il aurait pu revenir à Paris, car G. Le Rider, quittant en 1975 la direction du Cabinet pour devenir Administrateur général de la Bibliothèque nationale, la lui proposa. Mais il préféra continuer sa mission en Gironde. Pendant sa direction, il fut évidemment très affecté par le vol par effraction qui affecta le médaillier.

Les dernières années de sa vie furent malheureusement un long combat contre la maladie d’Alzheimer et il décéda le 28 janvier 1983, à l’âge de 59 ans.

Michel AMANDRY[1]


[1] Pour cet hommage, je me suis servi des notices de L. DESGRAVES, Jacques Yvon (1923-1983), Bibliothèque de l’école des chartes, tome 142, livraison 2, 1984, p. 386-387 et de F. DUMAS, Jacques Yvon 1923-1983, Assoc. bibl. 128, 1985, p. 27. J’ai également échangé avec Michel Yvon, son fils, à qui je dois des informations inédites sur la carrière de son père ainsi que sa photo.

Décès d’Olivier Picard, ancien président de la SFN (1940-2023)

©Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, cliché Juliette Agnel.

            Olivier Picard nous a quittés le 1er septembre 2023.

            La nouvelle, inattendue, s’est répandue avec une vitesse qui témoigne du prestige dont il jouissait auprès des membres de notre Société et dans le monde scientifique en France et à l’étranger, parmi tous ceux qui s’intéressent à la monnaie et à la Grèce antique – prestige qui s’explique par l’œuvre monumentale qu’il nous laisse, par son dévouement aux institutions d’enseignement et de recherche, par sa chaleur humaine et l’intérêt réel qu’il portait à chacun.

            Issu d’une famille d’illustres archéologues, Olivier Picard a passé son enfance entre Carthage et Tunis, où son père Gilbert-Charles Picard assurait la direction du Service des antiquités. Les grands sites de la région ont constitué le décor de sa vie quotidienne jusqu’à l’installation de la famille à Strasbourg, où il découvrit à quinze ans la rudesse du climat local. Il fut reçu à l’École normale supérieure en 1960. C’est là qu’il rencontra Paule, élève de l’École normale supérieure de Sèvres, qui devint son épouse en 1965 et qu’il eut à ses côtés pendant toute sa vie.

            À l’École normale supérieure, il se lança après l’agrégation d’histoire dans la préparation du concours de l’École française d’Athènes, suivant ainsi la voie de son grand-père Charles Picard. Membre de l’École d’Athènes de 1966 à 1971, il noua alors des relations d’amitié étroite et fidèle avec un grand nombre de nos collègues grecs.

            Parmi les différents domaines de l’archéologie, il fut d’abord attiré par l’architecture. Quoi de commun, dira-t-on, entre les grands monuments qui attirent aujourd’hui des foules de touristes et les petits objets que sont les monnaies, qu’il faut parfois regarder avec une loupe ? Pourtant, les uns et les autres se situent à la rencontre de la politique, de l’économie, de la religion, constituant un élément majeur de l’identité des cités grecques, qu’ils permettent d’aborder d’un point de vue pratique. C’est bien cela qui attira définitivement Olivier Picard vers la numismatique, dont l’intérêt lui avait été révélé par l’enseignement de Georges Le Rider à l’École pratique des Hautes études.

            À l’École d’Athènes, il fut d’abord chargé d’un chantier archéologique à Latô en Crète, avec son ami Pierre Ducrey, puis à Thasos dans le nord de l’Égée. Georges Le Rider lui transmit alors le dossier des monnaies trouvées dans les fouilles de Thasos. Olivier Picard s’attaqua aux milliers de monnaies, la plupart en bronze, qui se trouvaient dans les apothèques du musée. Il fallut leur donner un numéro d’inventaire, les nettoyer car il n’y avait pas encore de restaurateurs sur place, les identifier sans se laisser décourager par leur mauvais état de conservation, les peser, les mesurer, les enregistrer une à une dans des fiches manuscrites d’abord, qu’il fallut par la suite saisir sur ordinateur puis convertir dans un logiciel susceptible d’effectuer des tris, et cela pour des monnaies pouvant aller de la fin de l’époque archaïque jusqu’à l’époque byzantine. Il fit le même travail de fourmi sur d’autres sites archéologiques, notamment Xanthos et le Létôon en Lycie – avant de me transmettre ce dossier – et Alexandrie d’Égypte, où le mena, après 1992, la solide amitié nouée à l’École d’Athènes avec Jean-Yves Empereur, le fondateur du Centre d’études alexandrines. Les trouvailles d’Alexandrie ont été publiées en 2012. Si Olivier Picard n’a pas mené jusqu’à son point final la publication globale de celles de Thasos – néanmoins près de l’achèvement, c’est d’une part en raison de l’ampleur du matériel à traiter et de la réflexion à mener sur la meilleure manière de le rendre accessible à l’ère du numérique, d’autre part parce qu’il n’a cessé de revoir et affiner le classement de ce matériel abondant et que celui-ci a nourri sa réflexion non seulement sur la politique monétaire de la cité de Thasos, mais plus généralement sur le rôle de la monnaie dans les cités grecques, donnant lieu à un nombre considérable d’articles fondateurs.

            Parallèlement aux travaux sur les chantiers de fouilles de l’École d’Athènes, il entama pendant ses années de membre l’étude du monnayage de Chalcis en Eubée, en s’interrogeant sur la manière dont il éclairait le rôle de la cité dans la Confédération eubéenne. Ce fut son doctorat d’État, publié en 1979 et qui lui permit de devenir Professeur à l’Université de Nanterre où il avait été recruté d’abord comme assistant au sortir de l’École d’Athènes.

            Il fut ensuite directeur de l’École française d’Athènes, de 1981 à 1992. Il y imprima sa marque, notamment en créant une section moderne et contemporaine. C’était une époque de bouleversements en Europe : les pays communistes s’ouvraient sur l’extérieur, dès avant la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’Union soviétique. Olivier Picard orienta l’École vers des collaborations avec les pays du nord des Balkans et de la Mer Noire. Lui-même s’impliqua particulièrement en Albanie, où il se rendit pour la première fois en 1985. La longue coopération avec notre collègue Shpresa Gjongecaj-Vangjeli donna lieu à des études sur le monnayage d’Apollonia d’Illyrie, où Olivier Picard retrouvait des problématiques qui l’occupaient à Thasos, à savoir l’histoire d’une fondation grecque et de ses relations avec les autochtones de l’arrière-pays. Plus récemment, elle a abouti à la traduction en français de l’ouvrage de Shpresa Gjongecaj-Vangjeli sur les Trésors de monnaies antiques trouvés en Albanie publié par l’École d’Athènes en 2019.

            Après son retour d’Athènes en 1992, Olivier Picard put consacrer plus de temps à la recherche et retrouva avec plaisir le métier de professeur. Il succéda rapidement, en 1993, à Georges Le Rider à Paris-Sorbonne (Paris IV), où il resta professeur jusqu’en 2009. Sa carrière fut couronnée par l’élection à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 2009 et il présidait l’Institut de France en 2023. Il assurait ainsi, ces dernières années, la défense de la numismatique, avec Cécile Morrisson, et plus largement de l’histoire et de la civilisation grecques. C’est dans ce cadre qu’il écrivit plusieurs beaux articles dans le Journal des Savants ou les « Cahiers de la Villa Kérylos ». Il n’a jamais cessé de s’investir considérablement dans les tâches collectives, faisant bénéficier plusieurs institutions de son expérience et de ses talents d’administrateur. Je signalerai seulement ici son rôle dans le lancement de la Maison de l’archéologie et de l’ethnologie à Nanterre, dont il fut le premier directeur de 1996 à 1999. Il était très actif dans les sociétés savantes, notamment l’Association pour l’encouragement des Études grecques. En ce qui concerne la Société française de numismatique, il la présida de 1995 à 1997 et fut codirecteur de la Revue numismatique de 1997 à 2014. Les marques de reconnaissance internationale ont été nombreuses, dans les pays des Balkans et ailleurs. La Commission internationale de numismatique le chargea du chapitre sur la Grèce et l’Asie Mineure à l’époque archaïque et classique pour le Survey 1985-1990, avec Manto Oikonomidou, et 1990-1995. Il fut chargé en 1999 du séminaire d’été de la Société américaine de numismatique à New York.  

            Il était très attaché à son enseignement et à ses élèves. Il attira de nombreux doctorants, Français et étrangers, venus en nombre de Grèce, mais aussi d’Albanie, de Turquie, de Syrie et du Canada. Ce rayonnement est à l’origine de la publication de plusieurs monographies, souvent des études de coin du monnayage d’une cité, ce qui n’est pas si fréquent. Les titres de ces ouvrages rendent hommage à celui choisi par Olivier Picard pour son livre sur Chalcis, « étude de numismatique et d’histoire », et perpétuent la tradition française initiée par Georges Le Rider qui consiste à étudier la monnaie non pas pour elle-même mais bien pour son apport à l’histoire des États antiques.

            Olivier Picard aimait aussi faire découvrir l’histoire de la Grèce antique à des étudiants plus jeunes, qui n’allaient pas se spécialiser en numismatique ni même en histoire antique. Il a consacré un temps important à la rédaction de plusieurs manuels portant sur le programme de l’agrégation d’histoire, dès 1980 et jusqu’en 2007, contribution majeure à la formation de plusieurs générations d’étudiants et futurs professeurs.

            Olivier Picard s’est intéressé à la monnaie grecque (nomisma) comme élément des institutions d’une cité grecque et de ses lois (nomos). Confrontant les textes anciens et les inscriptions à la monnaie, il a mis en évidence la distinction que faisaient les Grecs entre la monnaie hellénique d’une part, commune à tous les Grecs selon les mots de Platon, utilisée pour les paiements importants faits par un État plutôt en direction de l’extérieur, et la monnaie locale d’autre part, « épichorique » dans la terminologie grecque, utilisée à l’intérieur de la cité pour les menus échanges de la vie quotidienne. C’est là un de ses plus grands apports à la numismatique grecque : il faut prendre en compte tous les monnayages frappés ou, à défaut, utilisés par une cité pour en comprendre l’histoire et la politique monétaire.

            Partant, Olivier Picard a été pionnier dans l’étude des petites dénominations d’argent et plus encore dans celle des monnaies de bronze, découvertes principalement dans les fouilles et qui étaient largement délaissées jusque là par les numismates au profit des métaux plus nobles. Olivier Picard pouvait ainsi s’appuyer sur un matériel abondant, dont l’absence même, ponctuelle ou plus durable, pouvait être utilisée pour retracer l’histoire de la cité-État considérée. Le colloque qu’il organisa à la Sorbonne sur la valeur des monnaies de bronze dans l’Antiquité, publié dans la Revue numismatique en 1998, est un des premiers jalons de cette nouvelle approche.

            Toujours ouvert aux idées nouvelles, il s’est intéressé très tôt aux aspects techniques de la frappe monétaire et a été un des collaborateurs du Centre Ernest Babelon dès sa fondation. Si les méthodes d’analyse et les réalités géologiques n’ont pas apporté les résultats qu’il espérait sur le lien entre mines d’argent et monnaie, question qui l’a occupé toute sa vie, elles pouvaient éclairer la fabrication des monnaies de bronze et les manipulations opérées par les cités : la longue collaboration avec Jean-Noël Barrandon donna lieu, entre autres, à un ouvrage sur les Monnaies de bronze de Marseille, paru en 2007.

            Olivier Picard aimait le contact humain et le travail en collaboration. Il aimait former la jeunesse et il emmenait régulièrement des étudiants pour les initier à l’étude ardue des monnaies de fouilles, dans un compagnonnage dont l’autrice de ces lignes a eu la chance de bénéficier pendant de longues années, à Thasos et à Alexandrie.

            C’est à Thasos, à l’issue d’un dernier été consacré à des moments partagés avec sa famille et à des discussions avec de vieux amis, des collègues de longue date et des jeunes chercheurs, que la Parque a choisi de couper le fil de sa vie, dans ce lieu qu’il aimait tant et qui a servi de fil conducteur à son œuvre scientifique. 

            Si l’on en croit Hérodote, l’Athénien Solon, un des sept sages de la Grèce, estimait qu’on ne peut juger du bonheur d’un homme qu’après sa mort. Si douloureuse que soit pour nous son absence, je crois que nous pouvons dire qu’Olivier Picard a eu une belle vie.

Marie-Christine Marcellesi

Décès de Peter Ilisch (1947-2023)

Peter Ilisch à Oslo, 2011. Photo : Håkon Roland.

Peter Ilisch (1947-2023) fut responsable de la collection numismatique du Musée de Westphalie à Münster. En parallèle de ses obligations muséales, il mena une activité scientifique de haut niveau pour laquelle il reçut le jeton de vermeil de la SFN en 2015. Francophone, sa communication de remerciement, publiée dans le BSFN 2016, p. 49-56, résumait ses recherches sur le rôle de la monnaie en Allemagne aux Xe-XIe siècles. Se fondant sur les découvertes monétaires, des estimations de la fabrication monétaire et les quelques textes conservés, il soutenait que la monnaie était en premier lieu destinée à la circulation locale. Ainsi, il s’opposait à l’hypothèse du « Fernhandelspfennig », formulée en 1956 par Walter Hävernick, laquelle proposait que le but de la fabrication monétaire était l’exportation de l’argent sous forme monnayée vers l’Europe du nord et de l’est. Cette hypothèse reposait sur les riches découvertes monétaires autour de la Baltique. Cependant, la multiplication des trouvailles, certes plus modestes, en Allemagne même suite à l’essor de l’utilisation du détecteur à métaux donnait raison aux voix critiques. Peter assura la publication de maintes découvertes monétaires. Il participa avec Stanislas Suchodolski et Mateusz Bogucki au projet gigantesque de la re-publication des 250 000 monnaies du Haut Moyen Âge découvertes en Pologne. On lui doit des révisions de datation et de classification de nombreuses séries monétaires, comme les importants monnayages de Cologne et Goslar. Sa synthèse sur les monnaies du Haut Moyen Age frappées aux Pays Bas, en Belgique et dans le nord de la France est désormais la référence incontournable. Il « avait l’œil » – c’est lui par exemple qui découvrit dans un lot de gros tournois communs le blanc au châtel fleurdelisé inédit frappé en 1356 au nom de Philippe d’Evreux. Peter était toujours prêt à aider par un bon conseil ou en identifiant une monnaie difficile – si Peter qualifiait de « non identifiable » le fragment usé et corrodé d’un denier allemand mal frappé, on savait que c’était peine perdue de s’y acharner soi même !

Jens Christian Moesgaard

Décès de François Delamare (1938-2022)

Dans les années 1980 le concept de pluridisciplinarité n’était pas encore devenu un mot à la mode mais il s’est trouvé alors des personnalités qui l’ont mise en pratique et apporté beaucoup à la numismatique et à bien d’autres domaines par une collaboration étroite des sciences dites « dures » et des sciences humaines.

François Delamare, qui vient de nous quitter le 28 décembre 2022, était l’une de ces personnalités exceptionnelles car il était à la fois « ingénieur », comme le définissent les Data de la BnF, et « savant antiquaire ». L’on peut bien en effet parler de lui dans les termes du XVIIIe siècle, car sa formation d’ingénieur à l’École nationale de Chimie de Lille, se doublait d’une solide culture littéraire (il avait profité en grec ancien du tutorat du byzantiniste José Grosdidier de Matons), d’une connaissance et d’une passion de la botanique apprise de son père médecin issu d’une lignée célèbre d’auteurs de dictionnaires médicaux toujours active de nos jours. C’était un « honnête homme » comme il y en a peu, mû par une inlassable curiosité, ouvert à toutes les collaborations archéologiques et qui répondait toujours aux questions avec méthode.

Son ami Alain Weil, camarade de Janson, ingénieur lui aussi, le convertit d’abord à la collection de billets plus accessibles alors sur le marché. Elle lui donnera l’occasion de pratiquer des études analytiques de leurs couleurs et surtout, lorsqu’il faudra la disperser en 2000, de donner en introduction du catalogue, Une histoire du papier-monnaie français de Louis XIV à nos jours.

Son intérêt pour les couleurs finira par l’emporter dans les dernières décennies de sa vie et donnera lieu, outre de nombreux articles, à plusieurs livres dont le Découvertes de Gallimard sur les Matériaux de la Couleur (1999), écrit en collaboration avec le chimiste Bernard Guineau, qui fut maintes fois réédité et fut traduit en anglais et en japonais. 

Son arrivée au centre de recherches de Sophia Antipolis (Valbonne) en 1976 dans une entité qui deviendra le CEMEF (Centre d’Études de Mise en forme des matériaux) fit de lui un tribologue, spécialiste des problèmes de frottement entre l’outil et le produit fini, méthode ô combien appropriée à l’étude de la frappe monétaire. La présence sur le campus du Centre de Recherches Archéologique amena à des contacts avec Jean-Noël Barrandon et à l’élaboration d’un projet sur « la frappe des monnaies anciennes ». Le cas choisi fut tout naturellement la monnaie d’or byzantine dont le Centre Ernest-Babelon étudiait la composition, ce qui donna lieu à la publication du Cahier Ernest-Babelon 2 L’or monnayé I De Rome à Byzance (1985) et déboucha aussi sur l’article fondateur de la RN 1984 que Delamare écrivit avec Pierre Montmitonnet et moi-même. Il y modélisait les conditions de la frappe (déformation, contraintes d’écoulement et surtout énergie nécessaire) et mit en lumière les changements destinés à économiser celle-ci en fonction des changements de composition. Chemin faisant, il découvrit l’origine technique de la concavité des monnaies d’or du xie siècle, une démonstration répétée au congrès de Londres de 1984 (Metallurgy in Numismatics 2, 1988) et encore dans la Revue belge de numismatique de 1999, dédiée à Tony Hackens, dans l’espoir de parvenir à convaincre les tenants de théories plus intuitives que fondées des raisons initiales de ce choix.

Dans cette même ligne il avait étudié avec Françoise Michaux Van der Mersch dans la Revue belge de numismatique de 1988 la transformation des monnayages archaïques d’Égine, en pratiquant des simulations sur pâte à modeler et il mit en évidence deux transformations marquantes : l’adoption du coin de revers à la place du poinçon vers le début du Ve siècle avant J.-C. puis, plus tard, de la forme cylindrique du flan qui permet une nouvelle économie d’énergie. Il démontra enfin que la frappe à chaud est peu probable, mettant à bas une idée assez répandue.

Le temps et l’envie lui ont manqué pour étudier l’usure des coins comme le lui avait demandé Alain Weil, mais il nous a laissé une monographie fondatrice sur Le frai et ses lois (Cahier Ernest-Babelon 5, 1999, 224 pages et 151 figures) qu’il faut lire et relire pour y trouver à la fois les lois physiques, les données statistiques[1] et des diagrammes appliquant ces résultats à des trésors offrant des données pondérales chronologiques. Ce traceur lui permet d’approcher la vitesse de circulation comparée de la monnaie d’or (celle du napoléon se révèle ainsi de l’ordre du double de celle de l’aureus du IIe siècle).

L’œuvre de Delamare est une contribution exceptionnelle par l’importance de ses résultats qu’il est temps pour les numismates d’intégrer pleinement dans leur syllabus.

Cécile Morrisson


[1] Il confirme ici les résultats des études menées par son arrière-grand-père Alfred Riche, professeur agrégé de pharmacie, Essayeur de la Monnaie de Paris et membre de l’Institut.

Décès de Dominique Gerin (1950-2022)

Entrée au Cabinet des médailles en 1978 après être sortie de l’ENSSIB, elle régna sur ce que l’on appelait alors la salle grecque jusqu’en 2010, en qualité de conservatrice, puis de conservatrice en chef.

Sa candidature à la SFN en avril 1979 avait été parrainée par G. Le Rider et H. Nicolet et elle fut élue membre correspondant en mai 1979. Son élection en qualité de membre titulaire date du 1er mars 1986 (rapporteur D. Nony, parrains M. Amandry et X. Loriot).

Sa bibliographie témoigne de son intérêt aux collections du Cabinet, particulièrement à l’histoire de la collection aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais aussi pour les dessins, et lithographies que Delacroix fit à partir de moulages de monnaies grecques de la collection du Cabinet, vers 1825. D’autres contributions, comme son étude des statères de la ligue arcadienne ou ses recherches sur les monnaies numides, demeurent fondamentaux.

C’était une femme de tempérament, de convictions, qui pouvait être en conflit avec sa hiérarchie, mais surtout c’était une personne très généreuse, par exemple lorsqu’elle accueillait de nouveaux étudiants. Les mails reçus après son décès de chercheurs français et étrangers témoignent unanimement de la qualité de l’accueil qu’elle leur réservait.

Durant sa retraite, installée à Balaruc-les-Bains, sur l’étang de Thau, elle acheva le projet de S. Bakhoum de publication de la SNG Alexandrie II (2018).

Son attachement au Cabinet, et à Delacroix, s’est aussi exprimé à travers un don en 2019 d’une lithographie originale de l’artiste (cote 2019.80. Voir le bulletin des acquisitions du Cabinet des médailles, RN, 178, 2021, p. 537). Cette Feuille de six médailles antiques sera exposée pour quatre mois dans le musée de la BnF, en salle Barthélemy, ancienne salle de lecture du département.

Nous garderons toutes et tous de Dominique l’image d’une femme libre, dont la gouaille faisait le bonheur des usagers de la salle grecque, et d’une grande élégance intellectuelle.

Bibliographie

Mémoire

  • Les Impressions lyonnaises d’historiens antiques de langue grecque au XVIe siècle, mémoire de l’École nationale supérieure de bibliothécaires sous la direction de J.-M. Dureau et H.-J. Martin, 1978.

Livres

  • Louis-Félicien-Joseph Caignart de Saulcy (1807-1880), Paris, 1981 (en coll. avec H. Nicolet).
  • Médailliers de la ville de Poitiers (musée et bibliothèque) : Monnaies gauloises (or), monnaies grecques (or et argent), monnaies mérovingiennes (or), monnaies médiévales et modernes (or), Poitiers, 1990 (en coll. avec M. Rérolle, J. Hiernard, M. Amandry, Fr. Thierry et M. Dhénin), plus spécifiquement la section des Monnaies grecques d’or et d’argent, p. 23-38 (en coll. avec M. Amandry).
  • La monnaie grecque, Paris, 2001, p. 41-84 (en coll. avec C. Grandjean, M. Amandry et Fr. de Callataÿ)
  • Sylloge Nummorum Graecorum, France 4, Département des Monnaies, médailles et antiques, Alexandrie II : Hadrien – Antonin le Pieux – nomes, Zurich, 2018 (en coll. avec S. Bakhoum †).

Articles

  • Un tétradrachme de Séleucie du Tigre au nom de Séleucos Ier, BSFN, 36-07, 1981, p. 81-82.
  • Becker et les monnaies bactriennes du Cabinet de France, I. Une lecture erronée de Joseph Pellerin, BSFN, 38-04, 1983, p. 305-309.
  • Becker et les monnaies bactriennes du Cabinet de France, II. Un faux à la puissance deux, BSFN, 38-05, 1983, p. 321-322.
  • La « seconde main » : gravures et faux d’Antigone Doson (fin XVIIe-début XVIIIe siècle), BSFN, 39-07, 1984, p. 517-520.
  • Un faux statère de la Ligue arcadienne coulé au xviiie siècle, BSFN, 40-10, décembre 1985, pp. 717-721.
  • Illustration de quelques faux de Caprara conservés au Cabinet des médailles et Paris, BSFN, 41-01, 1986, p. 1-4.
  • Les statères de la ligue arcadienne, RSN, 65, 1986, p. 13-31 et pl. 2-5.
  • Le multiple d’or de Romulus de la collection Pellerin, BSFN, 42-01, 1987, p. 136-138.
  • Une trouvaille de quatre fractions d’argent à Porto Heli, GNS, 38, Heft 149, 1988, p. 4-8 (en coll. avec A. Kyrou et P. Requier).
  • Themistocles at Magnesia, NC, 148, 1988, p. 13-20 et pl. 2-3, (en coll. avec H. Cahn).
  • Le monnayage des rois numides : trésors et chronologie relative, BSFN, 44-02, 1989, p. 509-510.
  • Une trouvaille de fractions d’argent à Porto Heli : Addendum, GNS, 39, Heft 156, 1989, p. 81-82 (en coll. avec A. Kyrou et P. Requier).
  • Nudité sacrée, nudité profane : le nu sur les monnaies grecques, Métal pensant, 1989/B, p. 2-7.
  • Monnaies autonomes des cités grecques d’Asie mineure au IIe siècle av. J.-C., Anatolie antique. Fouilles françaises en Turquie, Varia Anatolica, IV/1, Paris-Istanbul, 1989, p. 86-90.
  • Un trésor de monnaies numides trouvé à Cherchel (?) à la fin du XIXe siècle, TM, 11, 1989, p. 9-17.
  • De quelques monnaies de Chypre avant le déchiffrement du syllabaire chypriote: les avatars d’un classement, BSFN, 45-05, 1990, p. 811-817.
  • Vitrine 5, dans Anatolie antique. Fouilles françaises en Turquie. Catalogue de l’exposition. Gypsothèque de l’Université Lumière Lyon II, 23 octobre-23 décembre 1990, Varia Anatolica, 4, Istanbul, 1990, p. 98-102.
  • Voyageurs français au Levant, dans Anatolie antique. Fouilles françaises en Turquie. Catalogue de l’exposition. Gypsothèque de l’Université Lumière Lyon II, 23 octobre-23 décembre 1990, Varia Anatolica, 4, Istanbul, 1990, p. 111-118.
  • Aspects techniques de la fabrication des coins: le cas des oboles aux deux iota (IIIe siècle av. J.-C.) de la seconde Ligue arcadienne [résumé], BSFN 47-04, 1992, p. 297.
  • Faut-il faire tomber les foudres? dans Florilegium Numismaticum. Studia in Honorem U. Westermark edita, Numismatiska Meddelanden XXXVIII, Stockholm, 1992, p. 103-109 (en coll. avec Fr. de Callataÿ).
  • Le comte François Chandon de Briailles (1892-1953) et la numismatique, BSFN, 47/06, 1992, p. 378-380 ;
  • Techniques of die-engraving : some reflections on obols of the Arcadian League in the 3rd century B.C, dans Metallurgy in numismatics, vol. 3, M.M. Archibald, M.R. Cowell (éds.), London, p. 20-25.
  • Le portrait de Joseph Pellerin (1684-1782), Revue de la Bibliothèque nationale de France, 3, 1994, p. 5-11.
  • Les sources des lithographies de « médailles » d’Eugène Delacroix, Nouvelles de lEstampe, 157, 1998, p. 12-22.
  • Le corpus des monnaies d’Alexandre et les travaux qui l’ont suivi (1991-1998), RN, 154, 1999, p. 353-367.
  • Jean-Jacques Barthélemy, Garde du Cabinet du roi ([1745-]1754-1795) et numismate, CIN Compte rendu, 46, 1999, p. 54-63.
  • Monnaies puniques d’Ikosim: un trésor mixte du iie s. av. J.-C. trouvé en 1941 à Alger, dans Numismatique, langues, écritures et arts du livre, spécificité des arts figurés. Actes du VIIe Colloque International réunis dans le cadre du 121e Congrès des Sociétés Historiques et Scientifiques, S. Lancel (éd.), Paris, 1999, p. 27-51 (en coll. avec P. Salama).
  • Un faux statère de Stymphale entré au Cabinet du Roi avant 1685, GNS, 55-57, 2007, p. 3-8.
  • La petite collection alexandrine de Soheir Bakhoum dans Aegyptiaca serta in Soheir Bakhoum memoriam, D. Gerin et al. (éd.),Milan, 2008, p. 21-36
  • Les feuilles de médailles : la prescience de l’Orient, dans Delacroix et l’antique, D. de Font-Réaulx, Paris, 2015, p. 124-137 (en coll. avec J. Olivier).
  • Section « Monnaies » de l’article d’I. Hasselin Rous, C. Huguenot, Offrandes hellénistiques en miniature : le mobilier d’une tombe d’enfant d’Érétrie conservé au musée du Louvre, RA, 63-1, 2017, p. 3-64, spécifiquement p. 37-42.

Édition

  • Aegyptiaca serta in Soheir Bakhoum memoriam, Milan, 2008.

Traduction

  • G. Vikan, J.W. Nesbitt, La clé, le sceau, la balance dans la Byzance médiévale : exposition, Bibliothèque nationale, Cabinet des Médailles, 20 juillet-12 septembre 1982, exposition byzantine organisée par la Menil foundation (Houston, Texas), Paris, 1982.

À cette liste, on ajoutera un grand nombre de comptes rendus d’ouvrage parus dans la REA (3 entre 1987et 1989) et dans la RN (25 entre 1978 et 2006).

Michel Amandry, Julien Olivier et Dominique Hollard

Décès de Katalin Biró-Sey (1934-2022)

C’est avec émotion que nous avons appris la disparition en août dernier de Katalin Biró-Sey, ancienne conservatrice au Cabinet des Médailles du Musée national hongrois à Budapest. Après une solide formation universitaire, elle intégra cette institution où elle effectuea une longue carrière. Spécialiste de la période romaine, elle a publié de nombreuses études portant sur les trouvailles monétaires faites en Hongrie et en particulier, en 1977, celles qui furent découvertes sur le site de Brigetio. Dans le même domaine, elle participa activement en 1990 à la création du programme « Trouvailles monétaires de l’époque romaine en Hongrie ».

En 1993, elle quitta Budapest pour prendre pendant dix années la direction de la collection de monnaies anciennes du Cabinet royal des Médailles à Oslo. De retour en Hongrie, après sa retraite, elle continua d’aider les chercheurs et de participer activement aux travaux de la Société hongroise de Numismatique. Katalin Biró-Sey, dont nous avons pu, à plusieurs reprises, bénéficier de la coopération active, avait en outre dirigé pendant de nombreuses années la Numismatikai Közlöny, notre revue sœur hongroise. »

M. Christian Charlet évoque le récent colloque sur le prince Albert Ier de Monaco et lit le texte suivant : « Au colloque international du centenaire du prince Albert Ier (1848-1922) qui s’est tenu au Musée Océanographique de Monaco les 24 et 25 septembre, en présence du prince Albert II et de nombreuses hautes personnalités, dont Erick Orsenna, de l’Académie française, l’Ambassadeur de France en Principauté Laurent Stéfanini, et Christian Charlet, conseiller pour la numismatique auprès du Palais de Monaco, ont présenté une communication appréciée concernant “La numismatique à Monaco sous le règne d’Albert Ier, de l’Océan à l’Opéra”, dans le prolongement des Journées numismatiques de la SFN à Monaco, dont l’excellence a été rappelée. Cette communication, augmentée, sera publiée en novembre dans les Annales monégasques. Suite à cette intervention, l’Académie des Sciences a demandé à Christian Charlet d’examiner la possibilité de dresser et d’éditer le catalogue de son médaillier (environ mille médailles). Par ailleurs, l’intéressé doit prochainement présenter à Stéphane Bern des propositions en vue de promouvoir la numismatique dans les médias. »

Georges GAUTIER

Décès de Maria R-Alföldi (1926-2022)

La mort de Maria R.-Alföldi à Francfort-sur-le-Main le 7 mai dernier a endeuillé le monde de la numismatique. Avec elle disparaît une éminente savante et une figure majeure de notre discipline, reconnue internationalement comme spécialiste des monnayages grecs et romains.

Née en 1926 dans la Hongrie de l’entre-deux-guerres, elle avait vu le jour à Budapest, dans une famille aisée. Après l’Abitur en 1944, elle avait suivi jusqu’en 1949 un cursus universitaire à la faculté de philosophie de l’université de Budapest, sous la direction du grand historien Andreas Alföldi (1895-1981). Dès 1947, année de son mariage avec l’archéologue et spécialiste du monde romain provincial Aladár Radnóti (1913-1972), elle travailla au Musée national hongrois, tout en assurant à partir de 1950 des séminaires à l’université.

La grande rupture intervint lors de la révolution de 1956, avec le soulèvement de Budapest et l’incendie du Musée National. L’exil, en compagnie des deux cent dix mille hongrois qui quittèrent alors le pays, ouvrit une nouvelle période de sa vie. Elle fut marquée par une pérégrination en Allemagne qui commença à Munich et s’acheva à Francfort-sur-le-Main, au gré des postes obtenus par son mari qui devint en 1962 Professeur d’archéologie et d’histoire provinciale à l’Université Goethe de Francfort. De 1957 à 1962, Maria R.-Alföldi fut chercheuse rattachée au projet des FMRD (Die Fundmünzen der römischen Zeit in Deutschland), période qu’elle mit à profit pour passer en 1962 son habilitation en numismatique à l’Université Ludwig Maximilian. Publié l’année suivante, ce mémoire, qui portait sur les émissions d’or d’époque constantinienne, la consacra comme une spécialiste incontournable des monnayages impériaux de l’Antiquité tardive [Die Constantinische Goldprägung. Untersuchungen zu ihrer Bedeutung für Kaiserpolitik und Hofkunst, Philipp von Zabern, Mayence, 1963].

Elle succéda en 1973 à la chaire détenue par son mari, mort prématurément d’une attaque cardiaque en décembre 1972. C’est dans ce cadre qu’elle accomplit l’ensemble de sa carrière, enseignant dans le séminaire d’histoire grecque et romaine qu’elle n’abandonna qu’au moment de partir à la retraite en 1991.

En plus de ses activités universitaires, elle fut chargée de diriger et de coordonner plusieurs programmes de recherches de grande ampleur, comme la série des FMRD avec Hans-Markus von Kaenel, série pour laquelle elle publia personnellement plusieurs volumes, en particulier ceux concernant Trèves et sa région. Après la chute du mur, elle fut aussi nommée à la têtedu programme du Griechische Münzwerk de l’Académie des sciences de Berlin.

Les travaux de Maria R.-Alföldi sont nombreux, sa bibliographie très étendue, et il apparait impossible de tout dire et résumer en quelques lignes (on compte 123 entrées à son nom dans la base bibliographique Zenon du Deutsche Archaölogische Institut). Ses ouvrages et articles personnels reflètent bien sa personnalité et ses centres d’intérêt, éclectiques mais marqués par une profonde unité : on y retrouve son goût pour la numismatique et ses méthodes qui déboucha sur la parution d’un important manuel en 1978 [Antike Numismatik. Teil 1: Theorie und Praxis & Teil 2: Bibliographie, Philipp von Zabern, Mayence, 1978], ou encore sa curiosité pour déchiffrer les images ainsi que le fonctionnement du message monétaire [Bild und Bildersprache der römischen Kaiser. Beispiele und Analysen, Philipp von Zabern, Mayence, 1999]. La numismatique grecque n’est pas négligée avec une importante monographie sur les décadrachmes publiée en 1976 [Dekadrachmon. Ein forschungsgeschichtliches Phänomen, Franz Steiner Verlag, Wiesbaden, 1976].

Sa réputation fut consacrée par de nombreux prix et témoignages de reconnaissances. Notre société fut l’une des premières à honorer Maria R.-Alföldi du jeton de Vermeil. C’était en 1978. D’autres honneurs suivirent, comme la médaille de la Royal Numismatic Society en 1995 ou encore la Archer M. Huntington Medal de l’American Numismatic Society. Elle était aussi correspondante ou membre de nombreuses institutions académiques et sociétés savantes (Italie, Autriche, Hongrie), comme l’Akademie der Wissenschaften und der Literatur-Mainz, ou encore le Deutsche Archaölogische Institut. Sa plus grande reconnaissance lui fut attribuée en 1992 quand elle reçut la prestigieuse Croix du mérite de la République fédérale allemande.

Au cours d’une longue vie consacrée à la science mais aussi marquée par les tourbillons de la grande histoire, elle sut être une pédagogue généreuse, maître de numismates de renoms comme H.-R. Baldus ou P.-H. Martin, doublée d’une animatrice infatigable de la recherche comme l’attestent les témoignages chaleureux qui se dégagent des contributions de ses mélanges parus en 1991 [H.-C. Noeske, H.-R. Baldus, A. Geissen & P.-H. Martin (éd.), Die Münze. Bild – Botschaft – Bedeutung. Festschrift für Maria R. Alföldi, Francfort-sur-le-Main, 1991]. Jusqu’à ses deniers jours, elle sut avec bienveillance partager son savoir à de jeunes chercheurs et garder toute son acuité intellectuelle. Sa disparition marque profondément ceux qui l’ont personnellement connu, ses amis, ses collègues, ses disciplines, comme on peut en prendre la mesure dans les nombreux messages affectueux lus dans les pages de plusieurs quotidiens allemands ainsi que sur les réseaux sociaux. Maria R.-Alföldi laisse des écrits nombreux, une œuvre à la fois cohérente et foisonnante, marquée par une grande hauteur de vue, que ses disciples et futurs lecteurs pourront lire, relire, approfondir.

Antony HOSTEIN

Décès de Cathy King (1935-2022)

Les collègues de l’Ashmolean Museum d’Oxford nous ont appris la mort, le 1er janvier dernier, de Cathy King. Née le 26 mai 1935, Catherine E. King était une spécialiste reconnue des monnayages romains des IIIe-Ve siècles. Élève du grand numismate Humphrey Sutherland, elle a soutenu en 1974 un doctorat à l’université d’Oxford intitulé “The Coinage of Constantine the Great. An Analysis of the Monetary System and the Structure and Operation of the Mints in Relation to Imperial Policy and the Economy of the Empire”. Puis, en 1979, elle a été nommée à l’Heberden Coin Room comme chargée des collections de monnaies romaines. C’est dans ces vénérables murs qu’elle a accompli l’ensemble de sa carrière jusqu’en 2002, année de sa retraite.Les classements typologiques, les dépôts monétaires et les analyses archéométriques formaient le cœur de ses travaux scientifiques. Son abondante bibliographie, riche de plusieurs dizaines de titres, l’atteste. Dès 1959, elle avait publié dans le Numismatic Chronicle un premier article important consacré aux ateliers actifs sous l’empereur Maxence (The Maxentian Mints, NC 19, 1959, p. 47-78). Parmi ses nombreux travaux, on retiendra l’édition des actes de deux Oxford Symposium on Coinage and Monetary History, Imperial Revenue, Expenditure and Monetary Policy in the Fourth Century A.D, Oxford, 1980, et Studien zu Fundmünzen der Antike. 10. Coin Finds and Coin Use in the Roman World, Berlin, 1966 (coédité avec son ancien doctorant David Wigg-Wolf). On lui doit aussi une riche synthèse consacrée aux quinaires frappés à Rome entre la République et l’époque tétrarchique (Roman Quinarii from the Republic to Diocletian and the Tetrarchy, Londres, 2007).

Antony Hostein

Décès de Monique Mainjonet-Brun (1926-2021)

Cliché de 2006 © Frédéric Neuwald

Monique Mainjonet-Brun, qui vient de nous quitter dans sa 95e année, était née le 30 décembre 1926. Elle était entrée à la SFN le 5 octobre 1957 sous la présidence de Jean Tricou (1890-1977), président de la SFN de 1957 à 1959. Elle était du CNRS et attachée au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France auprès de son directeur, Georges Le Rider (1928-2014). Ses parrains de la SFN étaient Mme Gabrielle Fabre (1907-1960) et M. Jean Babelon (1889-1978), qui fut directeur du Cabinet des Médailles de la BnF de 1937 à 1961.

J’ai été élu membre correspondant de la SFN le 28 avril 1962, parrainé par Monique Mainjonet et Jean-Baptiste Giard (1932-2018), alors conservateur au Cabinet des Médailles de la BnF. Avec le temps, Monique, qui m’avait parrainé, était devenue ma marraine de cœur et depuis longtemps je lui téléphonais à peu près tous les quinze jours. Ancienne parisienne, elle s’était retirée à Givors, près de Lyon,  auprès de Georges Le Rider et de sa fille Béatrice Le Rider. Après la messe, célébrée à Paris le vendredi 12 novembre 2021 à Notre-Dame du Perpétuel Secours, elle a été inhumée le jour même au cimetière du Père-Lachaise. In memoriam.

Jean-Pierre Garnier

Décès de Roland Delmaire (1941-2021)

Né à Mametz dans le Pas-de-Calais, la carrière universitaire de Roland Delmaire s’est entièrement déroulée à l’Université́ de Lille 3 entre 1973 et 2006. À l’occasion de son départ en retraite, ses collègues et ami(e)s lui avaient rendu hommage : la Revue du Nord. Archéologie de la Picardie et du Nord de la France 89 (273) datée de 2007, après avoir retracé sa carrière, publiait deux bibliographies relatives à ses travaux sur les finances et la numismatique (p. 13-17) ainsi que des contributions scientifiques. Une troisième bibliographie relative à l’administration de l’Empire tardif et à l’Antiquité́ tardive fut elle publiée, avec d’autres contributions, dans les Cahiers Glotz XVII (2006). Amené́ à la numismatique par les fouilles de Thérouanne, R. Delmaire avait été́ élu membre correspondant de la SFN en juin 1976, parrainé par H. Huvelin et X. Loriot, puis titularisé en 1985, parrainé alors par M. Christol et D. Nony (rapport de M. Dhénin). D’une bibliographie numismatique ample, on retiendra le Corpus des trésors monétaires antiques de la France II. Nord-Pas-de-Calais publié en 1983 ainsi que les volumes VIII.1 et VIII.2 consacrés à la Picardie (1993, 1995, le second en collaboration avec H. Huvelin et X. Loriot). R. Delmaire avait été́ un des membres fondateurs de l’équipe Trésors monétaires antiques de la France, avec D. Nony, H. Huvelin ou X. Loriot et je l’avais invité en 1994 à rejoindre le comité de lecture de Trésors Monétaires, série publiée par la Bibliothèque nationale de France. Il ne s’intéressait du reste pas qu’aux trésors et toute monnaie, quel que soit son métal, découverte dans ce que l’on appelle de nos jours les Hauts-de-France, était publiée dans la Chronique numismatique de la Revue du Nord, qu’il créa en 1981 et dont il assuma longtemps la responsabilité́ (avec d’autres, D. Gricourt en particulier) (Chronique I à XXV). Ces quelques mots disent mal l’ampleur de l’œuvre de R. Delmaire, en histoire et archéologie régionale (il est l’auteur de la Carte archéologique du Pas-de-Calais en 1994 et celle du Nord a été́ publiée sous sa direction en 1996). Il s’en était détourné́ à sa retraite pour se consacrer à̀ l’histoire du droit romain tardif et il n’aura pas en le plaisir de voir la publication du livre I du Code théodosien, sur laquelle il travaillait depuis des années.

Michel Amandry

Décès d’Hubert Zehnacker (1933-2021)

In memoriam

© Dominique Biasi

Terminant son deuxième rapport moral en qualité de président sortant de la SFN, H. Zehnacker, en mars 2003, eut ces mots : « Si j’ai accepté [de présider les séances de la SFN], ce fut… surtout parce que je me suis souvenu que mon maître, Jacques Heurgon, a été président de la SFN de 1961 à 1963, et que je souhaitais trouver une occasion de lui rendre hommage. Mieux que personne, Jacques Heurgon m’a appris, par son enseignement et son exemple, que toutes les disciplines philologiques et historiques, y compris celles qu’on appelle les sciences auxiliaires, sont interdépendantes, et qu’il faut en maîtriser le plus grand nombre possible pour avoir une vision complète du devenir humain ».

Et c’est du reste sous la présidence de J. Heurgon qu’il avait été élu membre de la SFN, le 8 avril 1961, parrainé par J. Lafaurie et J. Heurgon. Il était donc l’un de nos plus anciens membres. Titularisé sur rapport de J.-P. Callu en mars 1985, il entra au Conseil d’Administration de la SFN en mars 1999, en devint le président pour deux années en 2001. Élu membre d’honneur en 2005, il avait souhaité, en 2017, libérer une place qu’il jugeait qu’il ne méritait plus.

Hubert Zehnacker était né à Strasbourg le 25 mars 1933 ; après des études brillantes qui le vit intégrer l’École Normale Supérieure en 1953, il revint dans sa ville natale en 1960 pour gravir tous les échelons universitaires à ce qui était alors la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg. Professeur des Universités, il fut appelé à succéder à Pierre Grimal à la Sorbonne en 1983. Professeur émérite en 2005, un livre d’hommages lui fut offert en 2006 (Aere Perennivs. Hommage à Hubert Zehnacker sous la direction de J. Champeaux et M. Chassignet, PUPS) qui réunissait cinquante contributions reflétant la double vocation de H. Zehnacker : numismate et historien de la littérature, savant éditeur de Pline, qui avait fait siens les préceptes de son maître J. Heurgon. Dans cet ouvrage, j’avais eu l’honneur de rendre hommage à son œuvre numismatique.

De celle-ci (dont on trouvera la liste dans Aere Perennivs, p. 15-20), on retiendra évidemment Moneta (1973), un livre volumineux qui a pu malheureusement sembler daté très vite car l’année suivante parut le Roman Republican Coinage de M. Crawford. Mais si on veut bien considérer que Moneta n’est pas un traité complet du monnayage de la République romaine, ses apports sont encore aujourd’hui primordiaux. Éminent spécialiste de la littérature latine, l’édition du livre XXXIII de Pline est venue en prolongement naturel de ses travaux numismatiques, puisqu’aux paragraphes 42 à 47 figure un survol rapide de l’histoire de la monnaie romaine.

Hubert Zehnacker laissera l’image d’un homme d’une très grande culture et tous ceux qui ont suivi son enseignement, qui l’ont côtoyé, auront apprécié sa rigueur courtoise, son aménité souriante, sa modestie, sa discrétion.

Michel Amandry

Décès de Jean Duplessy (1929-2020)

Nous avons appris le décès, le 25 novembre, de Jean Duplessy, né le 18 juin 1929. Il était Ingénieur de recherches honoraire au CNRS et avait été attaché au Cabinet des médailles depuis la fin des années 1950 (je n’ai pas la date précise) et jusqu’en 1994, où, le 9 avril, à l’occasion de son départ en retraite une journée d’hommage avait été organisée en son honneur par la SFN. Les actes de cette journée qui figurent dans le BSFN comprennent une précieuse bibliographie de ses travaux jusqu’à cette date (176 notices). En effet, président d’honneur de la SENA, il avait été très actif à la SFN également comme en témoignent de nombreuses publications dans le BSFN et la RN et il avait siégé au bureau de la SFN de 1982 à 1989.

Il avait soutenu en 1958 un diplôme de l’EPHE qui portait sur une édition du roman de Jehan de Lanson qu’il avait publiée en 2004 aux éditions du Léopard d’or, bien connues des numismates[1]. Il s’agit d’un roman de 6204 vers datable du premier tiers xiiie s. et ce travail illustre un aspect des recherches de Jean Duplessy moins connu que ses travaux numismatiques.

Dans cette discipline, il avait été disciple et auditeur des conférences de Jean Lafaurie, à partir d’une date qui se situe après l’année 1952-1953 où il n’apparaît pas encore parmi ses auditeurs et au plus tard en 1955-1956 où, comme le précise le compte-rendu publié dans l’annuaire 1956, p. 55 : « M. Duplessy a été chargé d’établir le relevé des mentions de monnaies arabes dans les textes médiévaux ». Jean Duplessy en a tiré son premier article[2], un article qui est demeuré pendant plus de cinquante ans une référence dans ce domaine de recherche et a valu d’emblée à Jean Duplessy une solide notoriété et des contacts internationaux avec des collègues britanniques comme John Brand, Nick Mayhew ou Michael Metcalf avec lequel il a publié en 1962 le trésor de Samos, dans la Revue belge de numismatique. Il convient à ce propos de rappeler combien Jean Duplessy était attaché aux liens qu’il avait noués et cultivés avec la Belgique. Il avait également participé à plusieurs Congrès internationaux et contribué au Survey of Numismatic research.

La lecture du volume suivant de l’Annuaire de l’EPHE pour les conférences de Jean Lafaurie de 1957-1958 inaugure un autre chapitre des travaux dans lesquels il s’est illustré : « M. Jean Duplessy, élève diplômé, …collabore à un répertoire des enfouissements de monnaies médiévales et modernes … ». C’est seulement en 1985 et 1995 qu’ont été publiés les deux volumes issus de ce projet : Les trésors médiévaux et modernes découverts en France, I 751-1224, II 1224-1385, (prix Duchalais de l’AIBL). Pour la période suivante, à partir de 1385, le Cabinet des Médailles conserve le « Fichier Duplessy » des notices correspondant aux trésors postérieurs.

Jean Duplessy est en effet connu du plus large public des numismates par des livres qui sont des ouvrages de référence de la numismatique française : Les monnaies françaises royales,2 volumes 1989, (2e édition en 1999) et Les monnaies françaises féodales,2 volumes parus en 2004 et 2010, laissant toutefois le programme de publication inachevé. C’est assez logiquement à des points permettant de préciser et d’affiner les classements proposés dans ses ouvrages que Jean Duplessy a consacré ses dernières publications dans notre bulletin, encore nombreuses (une quinzaine) dans les années 1995-2005 et plus isolées ensuite jusqu’en 2006 et 2011, et il lui arrivait de défendre ses positions sur un tour parfois polémique. Ceux qui l’ont approché garderont le souvenir de sa haute stature qui sous un abord parfois abrupt permettait de découvrir un caractère affable et passionné par notre discipline et les belles découvertes qu’elle permet. On me permettra de reprendre pour conclure en l’appliquant au paradis des numismates, l’explicit du roman de Jehan de Lanson :

Explicit li rommans Jehan de Lanson

… qu’en paradis soies devant Dieu coroné

Et moi avecques vos que n’i soie obliez. Marc Bompaire


[1] Jehan de Lançon, chanson de geste du XIIIe siècle, publiée par Jean Duplessy, Paris, Le Léopard d’Or, 2004, 251 p.

[2] J. Duplessy, « La circulation des monnaies arabes en Europe occidentale du viiie au xiiie siècles », RN 1956, p. 101-163.

Décès de Jean-Louis Ferrary (1948-2020)

Jean-Louis Ferrary, né à Orléans le 5 mai 1948, s’est éteint le 9 août 2020, à l’hôpital Cochin (Paris) des suites d’une longue maladie qu’il a affrontée avec un grand courage. Spécialiste de l’histoire de Rome, Jean-Louis Ferrary était un savant hors normes, respecté et admiré bien au-delà des frontières de la France. C’était aussi un grand ami de la numismatique et de notre Société. Bien qu’il n’ait pas été numismate lui-même, il avait appris de Louis Robert, qui le tenait en haute estime, l’importance des monnaies comme sources de l’histoire ancienne. L’enseignement d’un autre de ses maîtres, Claude Nicolet, n’était pas non plus étranger à son intérêt pour la numismatique. Dans les diverses fonctions qu’il a occupées, Jean-Louis Ferrary a toujours apporté un soutien indéfectible à notre discipline, en particulier à l’École Pratique des Hautes Études, tout d’abord en faisant conférer à Michel Amandry, ancien président de notre Société et directeur honoraire du Cabinet des Médailles, une charge de conférence dépendant de sa propre direction d’études, puis une charge de directeur d’études cumulant. À son départ en retraite, Jean-Louis Ferrary a fait en sorte que sa direction d’étude, intitulée « Histoire des institutions et des idées politiques du monde romain », devienne une chaire d’« Histoire monétaire du monde romain », aujourd’hui occupée par notre sociétaire et Conseiller Antony Hostein. Au sein de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, enfin, où il fut élu en 2005 et qu’il présida en 2018, Jean-Louis Ferrary a constamment œuvré en faveur des projets de recherche en numismatique (tel le Roman Provincial Coinage), en les recommandant pour des prix ou en leur faisant attribuer des financements (il s’employa ainsi à faire obtenir en 2012 le prix Jeanine et Roland Plottel à S. Estiot et M. Amandry pour leur travail mené dans le cadre de l’ANR MONetA). Lors de la cérémonie qui s’est déroulée en son honneur au Père Lachaise le 1er septembre dernier, son ami Michael H. Crawford, l’auteur du Roman Republican Coinage, a tenu à lui rendre un hommage appuyé. C’est une énorme perte pour la communauté des antiquisants, et pour notre Société également.

A. Suspène

Pour des informations plus détaillées sur la carrière et l’œuvre de Jean-Louis Ferrary : https://www.ephe.psl.eu/actualites/hommage-a-jean-louis-ferrary

Décès de Bernard Rémy (1942-2020)

Né en 1942, Bernard Rémy a suivi des études d’Histoire à la faculté de Lyon et obtenu l’agrégation d’Histoire en 1966. Il a ensuite soutenu un doctorat de troisième cycle sous la direction de Marcel Le Glay en 1971, avant d’être l’élève d’Hans-Georg Pflaum et de Paul-Marie Duval dans leurs séminaires de l’École Pratique des Hautes Études, de 1972 à 1976. C’est en 1984 qu’il a présenté son doctorat d’État, réalisé sous la direction d’André Chastagnol.

Sa carrière universitaire l’a mené de Saint-Étienne (1968-1987) à Chambéry (1989-1993) puis Grenoble (1993-2007). Il a donc toujours consacré une grande partie de son temps à l’enseignement, à l’exception des années 1987 à 1989, où il a été détaché comme directeur des études pour l’Antiquité à l’Institut français d’Études anatoliennes d’Istanbul.

Chercheur infatigable, Bernard Rémy s’est intéressé à des domaines aussi variés que les institutions et l’administration romaines (ainsi ses livres sur le gouvernement des provinces d’Anatolie), la société (avec des ouvrages sur les femmes ou les “vieux” en Gaule romaine), les figures du pouvoir (biographies d’Antonin le Pieux et de Dioclétien), l’épigraphie (plusieurs volumes des Inscriptions latines de Narbonnaise et des Inscriptions latines d’Aquitaine), et bien entendu la numismatique.

Il avait rejoint notre Société en février 1973, parrainé par son maître H.-G. Pflaum et H. Huvelin. De 1976 à 2013, il a donné 28 communications ou correspondances au BSFN et contribué à la RN par des comptes rendus d’ouvrages. Les problèmes de circulation monétaire étaient au cœur de ses préoccupations : outre des publications comme Les monnaies romaines découvertes à Rodumna (Roanne, Loire). Essai de circulation monétaire (Lyon, 1985) ou Les monnaies de fouilles du sanctuaire de Viuz-Faverges (Haute-Savoie) (Annecy, 1997), il avait profité de son séjour à Istanbul pour organiser les premières Journées Numismatiques Anatoliennes dont le thème était la publication des monnaies de fouilles. C’est également durant ce séjour qu’est né son projet de corpora d’ateliers du nord de l’Anatolie. Sont ainsi parus Sébastopolis du Pont (Istanbul, 1998), Comana du Pont (Milan, 1999) et Zéla (Bordeaux, 2009), tous trois volumes co-écrits avec M. Amandry, et avec J. Dalaison pour le dernier. B. Rémy avait une force d’entraînement et d’autres études d’ateliers provinciaux de cette partie de l’Anatolie ont vu le jour sous la plume de ses collègues ou anciens étudiants : L Bricault, J. Dalaison, F. Delrieux ou F. Wojan.

Tous ses travaux ont largement contribué à l’enrichissement de la recherche et à la connaissance de l’ensemble du monde romain, et B. Rémy nous aurait donné plus encore si la maladie n’avait fini par prendre le dessus. Il repose désormais à Saint-Agrève, en Ardèche, dans le caveau familial.

Michel Amandry, Julie Dalaison et Patrice Faure

Décès de Simon Bendall (1937-2019)

Le monde de la numismatique a perdu à la fois un grand professionnel et un savant. Un intérêt précoce pour l’archéologie et d’abord pour la monnaie romaine, l’amena à travailler  chez Spink comme assistant de Georges Müller, puis pendant vingt ans chez Baldwin’s (1967-1987), deux ans à Los Angeles chez Numismatic Fine Arts (1988-1989). De retour à Londres et d’abord à son compte, il revint chez Spink et prit sa retraite en 2010, libre de se consacrer désormais entièrement à la recherche et à ses publications.

Son contact avec le marché fut ce qui l’orienta vers la numismatique byzantine : son premier article lui fit classer avec clarté l’ingrat monnayage de cuivre de Constant II (NCirc 1967), et il ne cessa pas ensuite de communiquer pièces inédites, ou nouvelles trouvailles entières qui passaient entre ses mains ou qu’il reconstituait à partir de lots épars tel le « Early Fourteenth-Century Hoard of Thessalonican Trachea » (NC 2001). Son insatiable curiosité l’amena peu à peu à défricher le monnayage tardif byzantin dont il devint le meilleur connaisseur : avant 1999 et la parution des deux derniers tomes du DOC, son Michael VIII (1974) et son Late Palaeologan Coinage (1979), illustrés des dessins de Peter Donald servirent longtemps de référence. Il y a deux ans son introduction au monnayage de Trébizonde (2015, 2e éd. 2016) faisait aussi le point sur un champ délaissé depuis longtemps. De même son livret sur les Byzantine weights (1996) constituait aussi un guide bien informé ) et le seul disponible sur ces poids, monétaires ou commerciaux, qui ne connaissaient pas encore la vogue relative d’aujourd’hui.

Ces quelques lignes ne peuvent rendre compte d’une œuvre foisonnante et très dispersée, qui touchait à d’autres domaines que la numismatique ; une nécrologie plus détaillée paraîtra dans la prochaine Revue numismatique. Italo Vecchi et William Veres préparent avec Eleni Lianta, un volume de réimpression de ses articles du  Numismatic Circular et d’autres publications, accompagnés des souvenirs qu’il avait commencé de rédiger mais que la maladie l’empêcha de mener au-delà de 1991. Il avait donné plusieurs articles importants à la Revue numismatique et quelques autres au Bulletin. La SFN avait la première, reconnu ses mérites en l’élisant membre honoraire en 1996, quatorze ans avant la Royal Numismatic Society en 2010.

De nombreux amis britanniques ou étrangers ont assisté le 6 août au service funèbre en l’église St. Stephen à Londres, et entendu les témoignages de ses nièces sur « l’oncle Sim » «awesome, handsome, glamorous, raconteur, charmer, stalwart, youthful, rebel » et celui de Peter Clayton sur « le numismate ». Réunis ensuite selon sa volonté dans le pub des Queen’s Arms à Pimlico où il avait ses habitudes, ils ont pu évoquer les bons souvenirs d’une vie bien remplie et rayonnante. La SFN partage le deuil de sa famille qui est aussi celui de la grande tribu des numismates.

Cécile Morrisson

Décès de Philippe Gysen (1950-2019)

« Philippe Gysen (1950-2019), fin connaisseur du monnayage impérial romain du IIIe siècle de notre ère et particulièrement de l’empereur Probus, son grand favori, est décédé le 4 mai 2019 à la suite d’une longue maladie. Il en avait anticipé l’issue en se séparant de sa belle collection en 2018 par l’intermédiaire de l’expert Paul-Francis Jacquier. Pour ma part, je salue la mémoire d’un homme discret et passionné, qui m’a accompagnée souvent dans mes quêtes documentaires à l’étranger – grandes collections institutionnelles, trésors monétaires inédits vus en vrac – avec, pour seule gratification d’un travail technique et austère, le plaisir de voir passer entre ses mains des centaines de ces monnaies dont il savait apprécier la beauté et peser l’intérêt historique. »

Sylviane Estiot

Décès de Michael Metcalf (1933-2018)

Après Philip Grierson, John Kent, Michael Hendy et Peter Spufford, un autre grand numismate et historien de la monnaie vient de nous quitter, emporté par un accident cardiaque le 25 octobre, quatre mois après le décès de son épouse Dorothy. Il a été enterré à Leyburn dans cette région nord du Yorkshire qu’il aimait et où il s’était retiré après avoir quitté en 1998 la direction du Cabinet d’Oxford, le Heberden Coin Room de l’Ashmolean Museum qu’il assurait depuis 1982. Il y avait été recruté comme conservateur par Humphrey Sutherland en 1963, après avoir dû occuper un poste dans l’administration quatre ans après sa sortie de l’université. Il avait étudié la géographie à Cambridge et y soutint une thèse dirigée par Philip Grierson sur la circulation monétaire dans les Balkans de 820 à 1355, dans une perspective novatrice qui considérait dans leur cadre géographique l’ensemble des monnayages divers qui s’y côtoyaient. Elle fut publiée en 1965, donna lieu à une seconde édition largement augmentée en 1979 qui reste la référence et une nouvelle édition est parue à Athènes en 2016[1]. Son intérêt pour la numismatique remontait à l’enfance, comme il le racontait lui-même en recevant la médaille de la Royal Numismatic Society en 1987[2]. Il avait commencé par une collection de pennies de la Reine Victoria et de ses successeurs et l’édition d’un petit journal numismatique à usage familial dénommé The Curator mais était vite passé à des études plus sérieuses si bien qu’il reçut pour un travail sur le monnayage du nord des Balkans aux xiie et xiiie s. le prix Parkes Weber, réservé on le sait, à des jeunes numismates de moins de 30 ans, il en avait 22 et fut élu fellow de la RNS deux ans après en 1957.

Sa production est si vaste (243 articles et 23 livres)  que je ne peux l’évoquer toute ici : elle touche aussi bien la numismatique byzantine, que celle de l’Orient latin ou de l’Angleterre saxonne (ses trois volumes sur les thrymsas et sceattas font autorité)[3]. Il fut un pionnier de l’usage des histogrammes de trouvailles monétaires pour l’étude de sites ou de régions[4] et de l’application des études de coins à la quantification des émissions byzantines et anglo-saxonne (les deniers d’Offa notamment), objet de vives critiques de Grierson[5] et de Michael Hendy mais l’archéologie lui a depuis donné raison. Il joua un rôle décisif dans la promotion des méthodes d’analyse en lançant à la suite du colloque fondateur de Londres de 1970[6] la grande série des Metallurgy in Numismatics. Dans le volume 2, il avait eu l’élégance de saluer les deux premiers Cahiers Ernest-Babelon comme « a sister-publication to Metallurgy in Numismatics »[7].

Les reconnaissances de son apport scientifique considérable ne lui manquèrent pas : dès 1983 la John Sanford Saltus (Gold) Medal de la British numismatic society, la médaille de la

RNS en 1987, la Huntington medal de l’ANS en 1991. La SFN n’avait pas attendu si longtemps et avait la première couronné son talent et son engagement au service de la cause numismatique en lui décernant le jeton de vermeil dès 1979 et ce en présence de Grierson qui donnait alors une série de cours au Collège de France. Grierson avait pour ainsi dire enterré la hache de guerre puisqu’il ne mentionna pas la controverse sur l’importance des émissions d’Offa dans le Medieval European Coinage en 1986.

 Il avait donné à la Revue numismatique cinq articles entre 1976 et 2006 dont le dernier en date, tribut au livre testament de Jean Lafaurie (et J. Pilet-Lemière) sur les Monnaies du haut Moyen Âge découvertes en France, étudiait à la lumière de cette documentation les schémas de diffusion des monnaies des principaux ateliers[8]. Il avait prononcé plusieurs communications en français à la Société[9] et participé à la Table Ronde de mai 1994 sur les monnayages chypriotes[10]. Chypre était devenue un sujet majeur de sa recherche à partir du tournant du siècle. Il s’y rendait plusieurs mois par an au printemps et avait écrit plusieurs gros volumes sur la numismatique et même la sigillographie de l’île au Moyen Âge[11].

Ce grand savant était particulièrement dévoué dans tous ses engagements : éditeur de la Numismatic Chronicle de 1974 à 1984, président de la RNS de 1985 à 1989, éditeur ou organisateur de nombreuses rencontres scientifiques dont les Oxford symposia on Coinage and Monetary History, mentor attentif de plusieurs étudiants, dont Vasso Penna, prématurément décédée et Eleni Lianta. Ses amis déplorent la disparition d’un collègue dont la science s’alliait à une grande droiture et de hautes qualités morales. La Société s’associe au deuil de ses enfants et à la peine que ressentent ceux qui travaillèrent avec lui et lui succédèrent à l’Ashmolean Museum.

[1] Coinage in the Balkans 820-1355, Thessalonique, 1965; Coinage in South-Eastern Europe 820-1396, Londres, RNS Special Publication, no 11, 1979 ; Coinage in South-Eastern Europe 820-1396 : With a new Introductory Essay, and a Supplementary Bibliography, Athènes, 2016. Ce travail de pionnier fut suivi de nombreuses autres monographies et articles sur le monnayage byzantin : réforme d’Anastase, monnayage de bronze de Thessalonique sous Justinien, folles de Michel II, Théophile et Basile I, classification des staména du xiie s. trouvés en Serbie du Sud, monnayage des ixe et xe siècles, hyperpères d’Alexis Ier etc.

[2] NC 1977, Proceedings, p. xvii-xix.

[3] Thrymsas and Sceattas in the Ashmolean Museum, Londres-Oxford, RNS Special Publication 27A-C, 3 vol. 1993-1994.

[4] The Currency of Byzantine Coins in Syrmia and Slavonia, Hamburger Beiträge sur Numismatik, 12/13, 1958-1959, p. 59-64.

[5] D.M. Metcalf, English monetary history in the time of Offa: a reply, NCirc 1963, p, 165-167; Evidence relating to die-output in  the time of Offa, NCirc 1964, p. 23 ; P. Grierson, Mint output in the time of Offa, NCirc, 71, 1963, p. 114-115 ; Some aspects of the coinage of Offa, NCirc, 71, 1963, p. 223-225 ; Variations in die output, NCirc, 76, 1968, p. 298-299. La polémique rebondit au Congrès international des Études byzantines à Oxford et fut bien relatée dans un article du Times du 16 septembre 1966 qui relate les excuses présentées par Grierson mais aussi le maintien de son scepticisme sur les excès possibles de la quantification.

[6] Methods of chemical and metallurgical investigation of ancient coinages, Londres, RNS Special Publication, no 8, 1970.

[7] Opposite Number, Metallurgy in Numismatics 2, p. 127-128

[8] Une trouvaille de la fin du XIIIe siècle, provenant de Bretagne, RN Ser. 6, 18 (1976) p. 171-185 ;

The gros grand and the gros petit of Hugh IV of Cyprus, RN Ser. 6, vol. 27 (1985) p. 130-175 ; avec Cathy E. King et J.P. Northover, Copper-based alloys of the fifth century. A comparison of Carthage under Vandalic rule, with other mints , RN Ser. 6, vol. 34 (1992) p. 54-76 ; avec J. Belaubre, The early coinage of Bohémond III of Antioch (1149-1201) reconsidered, RN 150 (1995), p. 133-148 ; Monetary circulation in Merovingian Gaul, 561-674. A propos Cahiers Emest Babelon, 8, 162 (2006) p. 337-394.

[9] La traversée de la Manche (VIIIe-IXe siècles), BSFN 34/5, 1979, 511-513

[10] Le monnayage de Pierre II et la prise de Famagouste par les Gênois, BSFN 49/5, 1994, p. 825-830.

The white bezants and deniers of Cyprus (Corpus of Lusignan coinage 1 =Texts and studies of the history of Cyprus 29) ; The silver coinage of Cyprus, 1285-1382 (Corpus of Lusignan Coinage 2 =  Texts and studies 21) ; The gros, sixains, and cartzias of Cyprus : 1382-1489 (Corpus of Lusignan coinage 3 =Texts and studies 35) Nicosie 2000 ; Byzantine Lead Seals from Cyprus (en coll. avec j.-C. Cheynet et A. Pitsillides), Nicosie 2004 (Texts and studies of the history of Cyprus 47); Byzantine Cyprus : 491-1191, Nicosie, 2009 (Texts and studies… 62).

Cécile Morrisson

Décès de Vassiliki (Vasso) Penna (1952-2018)

Vasso Penna, est décédée à Athènes le 17 mai après avoir lutté trois ans contre la maladie qui l’avait frappée brutalement lorsqu’elle donnait le séminaire d’été de Dumbarton Oaks trois ans auparavant. Professeur d’histoire, numismatique et sigillographie byzantines à l’Université du Péloponnèse, elle était diplômée de l’Université Aristote de Thessalonique (1974). Elle avait préparé à Oxford, sous la direction de Michael Metcalf une thèse de doctorat intitulée Byzantine Monetary Affairs during the 8th, 9th, 10th and 11th centuries[1], étude exhaustive du monnayage byzantin et de sa circulation de 717 à 1081, que je me rappelle lui avoir fait soutenir avec Bryan Ward-Perkins dans le bureau de celui-ci, l’usage oxonien excluant le directeur de thèse d’un “jury“ réduit. Entre 1974 et 1998 elle avait travaillé dans les Éphories des Antiquités byzantines (de Macédoine de l’est et Thrace et des Îles de l’Égée du Nord-est), puis au Musée Numismatique d’Athènes, dont elle fut le directeur adjoint (1994-1998). Après son élection à l’Université du Péloponnèse en 2006, elle fut la première titulaire d’une chaire de numismatique et  sigillographie byzantines dans une université grecque.

Chercheur infatigable, elle avait publié plusieurs articles importants sur la numismatique byzantine et médiévale, ainsi que l’introduction bilingue Το Βυζαντινό Νόμισμα/Byzantine Coinage. Medium of Transaction and Manifestation of Imperial Propaganda, (Nicosie 2002). Ses intérêts scientifiques s’étendaient bien au-delà de l’époque byzantine et de la numismatique comme le montrent ses articles sur les sceaux, son manuel sur la monnaie grecque à travers les âges, des “tortues” d’Égine aux “phénix” de Kapodistrias (Athènes 2001).  Responsable de la collection de monnaies de la fondation KIKPE elle fit paraître – avec Yiannis Stoyas – le volume de la SNG Greece 7. The KIKPE Collection of Bronze Coins, Vol. I (Athènes 2012) et elle organisa une série d’expositions : au Musée Bénaki à Athènes sur la monnaie de bronze (2006), à la Fondation Martin Bodmer à Genève sur les Mots et les monnaies (2012), au Musée Pushkin de Moscou sur la représentation de la figure humaine de l’Antiquité à la période moderne (2016), chacune avec son propre catalogue bilingue[2].

Elle avait enseigné dans le cadre du Séminaire des Sciences historiques organisé par l’Institut National de la Recherche scientifique hellénique (depuis 1991), à l’Université du Péloponnèse, au King’s College de Londres (2009-2012) et au Summer Program on Coins and Seals de Dumbarton Oaks (2015). Par son ouverture et sa générosité scientifique et personnelle envers ses étudiants et les jeunes chercheurs elle a formé une nouvelle génération de numismates. Ils déplorent sa disparition. La SFN s’associe à la douleur de son mari Charalambos, de ses filles Daphni et Christina, ainsi que ses petits-enfants.

Cécile Morrisson et Pagona Papadopoulou

[1] Disponible sur https://ora.ox.ac.uk/objects/uuid:02e4cf82-a638-4bd2-a45b-09c17c585dc8 et dont les principales conclusions sont rassemblées dans  « Life in Byzantine Peloponnese: The numismatic evidence (8th-12th c) in Μνήμη Martin Jessop Price (Βιβλιοθηκη της ελληνικης νομισματικης εταιρειας

[2] Xαλκούς ένεκα αλλαγής /Chalkous, for Everyday Dealings. The Unknown World of Bronze Coinage (Athènes 2006); Les mots et les monnaies, de la Grèce ancienne à Byzance (Gand 2012)/ Words and Coins, from Ancient Greece to Byzantium (Gand 2012 et 20142) ; Heads and Tails – Tales and Bodies: Engraving the Human Figure from Antiquity to the Early Modern Period (Gand 2016).

Décès de Jean-Baptiste Giard (1932-2018)

Né à Lille en 1932, J.-B. Giard, après être sorti de l’École des Chartes en 1960, a passé toute sa carrière au département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France (1961-1997).

Il laisse derrière lui une œuvre très importante, essentiellement consacrée au monnayage romain. On ne citera ici que ses trois volumes qui ont fait connaître le fonds de monnaies romaines du Cabinet, d’Auguste à Nerva. Il portait également une attention particulière à la publication de trésors et il créa la série Trésors Monétaires dont il édita les douze premiers volumes (1979-1990). Il fut secrétaire de la Revue Numismatique de 1962 à 1973, puis l’un de ses directeurs de 1974 à 1996. Ses travaux lui ont valu l’obtention du prix Duchalais (1968), du prix Allier de Hauteroche (1983 et 2001) de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et la médaille de la Royal Numismatic Society (1998). Il était chevalier des Palmes académiques (1977).

Michel Amandry

Décès de Peter Spufford (1934-2017)

« Peter Spufford est mort le 18 novembre 2017 à l’âge de 83 ans après avoir mené une riche carrière universitaire d’historien, d’abord à Keele, puis à Cambridge, depuis 1979, à Queens’ College, comme Reader in Economic History puis comme Professor of European History jusqu’en 2001 où il accéda à l’éméritat.

Même s’il était membre de notre Société, c’est surtout sa contribution à l’histoire économique et monétaire du Moyen Âge qu’il convient d’évoquer avec deux ouvrages majeurs : Money and its use in Medieval Europe, en 1988, et Power and Profit: The Merchant in Medieval Europe, en 2002 (qui ont été traduits en 5 langues). Le premier depuis l’Esquisse de Marc Bloch, il avait fondé la place de l’histoire monétaire dans le champ historique en présentant dans le débat sur l’économie médiévale une position monétariste nuancée : si la démographie a été le moteur de la croissance économique médiévale la monnaie, ou plutôt son insuffisance, jouait comme un frein puissant, pour reprendre une image proposée par N.J. Mayhew. Il a en effet particulièrement insisté sur la part des échanges et des paiements qui ne prenaient pas la forme de numéraire, notamment dans son petit essai de 2008 (How Rarely did Medieval Merchants use Coins) et il a ainsi ouvert le champ des recherches sur la circulation des lingots de métal à côté des lettres de change ou de la dette publique des monti italiens puis des villes des Pays-Bas bourguignons.

De ce fait, il déclinait le titre de numismate, non sans un peu de fausse modestie, et il n’a guère écrit dans les revues numismatiques : pas d’articles dans Numismatic Chronicle ni dans la RN, mais plusieurs articles dans le BNJ ou la Revue belge et le JMP témoignent de sa connaissance exceptionnelle des monnayages et de l’histoire monétaire et financière des Pays Bas bourguignons auxquels il avait consacré sa thèse publiée en 1970 (Monetary Problems and Policies in the Burgundian Netherlands).

Ainsi, tout comme Philip Grierson qu’il côtoyait à Cambridge, il n’a jamais reçu le jeton de notre Société. Il en était néanmoins proche et après avoir été membre brièvement dans les années 1970 quand il travaillait à sa thèse, il venait de la rejoindre à nouveau en mai dernier, pour une période, hélas, plus brève encore.

C’est également au mois de mai que j’ai personnellement rencontré Peter Spufford pour la dernière fois lors d’un congrès à Prague où une fois encore il avait assuré de la plus brillante des façons l’introduction et la conclusion du colloque non sans intervenir, de façon pertinente, sur chaque communication ou presque. Il avait alors découvert le premier exemplaire du volume de mélanges qui lui avait été dédié (Money and its Use in Medieval Europe Three Decades On, M. Allen N. Mayhew ed.) et qui était issu d’un colloque tenu en son honneur à Cambridge en 2010. Il a ainsi laissé une forte impression à tous ceux qui l’ont rencontré dans des congrès, colloques ou écoles d’été comme celle d’Estella 1999 où les étudiants présents lui avaient à la fin de la semaña réservé une véritable ovation. C’était en effet un esprit particulièrement attentif et ouvert aux chercheurs débutants comme confirmés et tous garderont l’image de son gilet rouge, de son rire et de son accueil chaleureux. »

Marc Bompaire

Décès de Fernand Arbez (1939-2017)

« Le 4 novembre dernier, notre ami Fernand Arbez participait activement à notre séance mensuelle après avoir partagé un déjeuner amical avec plusieurs d’entre nous. Malgré deux lourdes affections de santé de longue durée (ALD) qui lui valurent de nombreuses hospitalisations depuis une dizaine d’années, il nous était totalement fidèle et tenait à être présent parmi nous, tant à nos séances qu’aux Journées numismatiques, toutes les fois que son état de santé le lui permettait.

Dans la semaine qui suivit cette séance, il dut subir en urgence une intervention chirurgicale imprévue. Malgré le succès de l’opération pratiquée le 11 novembre, il devait décéder d’un arrêt du cœur le 13. Il venait de fêter ses 78 ans le 15 octobre.

Fernand Arbez était un autodidacte qui accomplit à la SNCF une brillante carrière grâce à la qualité de la formation professionnelle qu’il reçut pendant les “Trente Glorieuses”, à l’instar de l’exemple bien connu de Pierre Bérégovoy. Ayant exprimé dès son enfance l’ardent désir de devenir conducteur de train, il entra en apprentissage à la SNCF dès l’âge de 15 ans et, grâce à la formation permanente et à la formation continue, il réussit à réaliser son rêve.

Il était par ailleurs passionné d’histoire et s’intéressa tôt aux monnaies dont il pensait, comme Jean Babelon, qu’elles “racontent l’histoire”. Membre de l’Association des Cheminots numismates, il y rencontra Laurent Schmitt qui l’amena à notre Société ainsi qu’à la SÉNA.

Dès 1988, Fernand Arbez participa aux Journées numismatiques chaque année jusqu’à sa maladie. Il devint membre correspondant de la SFN en 1993, puis membre titulaire en 2001 après plusieurs communications remarquées et deux articles dans la Revue numismatique, dont le premier, en 1996, fit connaître pour la première fois le fonctionnement d’une régie générale des monnaies créée par Colbert. Fernand Arbez en effet avait pris l’habitude de fréquenter quotidiennement les Archives nationales depuis les années 1980. Pendant plus de 25 ans, il y dépouilla la majorité du fonds Z16 de la Cour des Monnaies (plus de 1000 articles) et, novation très importante par rapport à ses prédécesseurs dans les archives, F. de Saulcy et P. Prieur, il y ajouta l’étude de plusieurs milliers d’arrêts du Conseil du Roi (série E) dont il établit un résumé synthétique pour environ 1500 d’entre eux intéressant les monnaies. Il étudia également les papiers des contrôleurs généraux des finances (série G7), les registres des provisions d’offices (série V1), ainsi que d’autres fonds (minutier central, série KK, etc.). Le Cabinet des Médailles a reçu de sa part un CD-Rom concernant les arrêts du Conseil du Roi (plus de 200 pages).

Fernand Arbez laisse un grand nombre de papiers à exploiter malgré ses communications et ses articles qui ont fait connaître de très nombreux documents d’archives inédits. Nombreux sont les numismates qui lui doivent beaucoup, même s’ils ne le citent pas toujours. Pour ma part, sa contribution concerne plus de la moitié de mes communications et articles traitant des monnaies royales françaises.

Homme particulièrement généreux, soucieux de faire partager ses connaissances et ses découvertes, Fernand Arbez était un homme profondément fidèle en amitié : pour lui, notre Société et les SÉNA constituaient une seconde famille. En sa personne, nous perdons un homme de grande qualité et un très grand numismate, issu du rang, et dont nous pouvons être fiers. »

Christian CHARLET

Décès de Luce Gavelle-Sabatier (1921-2017)

«  Nous avons appris avec tristesse le décès de Mme Luce Gavelle-Sabatier survenu le 31 juillet dernier à l’âge de 96 ans. Depuis fin 2002 elle était partiellement paralysée et avait perdu l’usage de la parole suite à un AVC. Le décès prématuré de sa fille, danseuse étoile de l’Opéra de Paris, avait accru sa souffrance.

Luce Gavelle-Sabatier avait été longtemps numismate professionnel, marchande sur les quais en face de l’Institut avec Bernard Davillé, disparu en 2004, pour voisin ; puis rue Drouot à la tête du Cabinet numismatique. Depuis les années 1960, elle était très fidèle à notre Société, participant à vingt-six reprises aux Journées numismatiques, de 1968 à 2002, dont vingt-trois fois jusqu’au décès de son mari, Pierre Gavelle, également numismate, en 1995. Revenue en 2000, elle avait présidé la cinquième séance des Journées à la Monnaie de Paris, en qualité de présidente de la SÉNA qu’elle était devenue en mars, à plus de 78 ans, afin de pouvoir apporter le concours actif de cette société au succès de nos Journées, dans l’esprit que notre regretté président Xavier Loriot définissait ainsi : “Les bonnes sociétés numismatiques ne se concurrencent pas, elles se complètent harmonieusement pour atteindre ensemble le même but par des moyens interactifs”.

La dernière intervention de Luce Gavelle-Sabatier à nos séances mensuelles eut lieu en 2002 pour rendre hommage à l’académicien Raymond Corbin, qui venait de disparaître. Ce grand sculpteur et graveur avait été en effet, en 1947, l’auteur de la médaille d’Adrien Blanchet que notre Société lui avait commandée ; il fut aussi l’auteur des médailles de Jean Babelon, Eugène Meunier, Jean Mazard et Félix de Saulcy entre autres.

Avec la disparition de Luce Gavelle-Sabatier, c’est une page de la numismatique qui se tourne, sur le sourire et la joie de vivre qu’elle savait exprimer en toutes circonstances. »

Christian Charlet

Décès de Robert Anthony Merson (1950-2016)

Tony (R.A.S.) Merson est décédé le 24 décembre 2016 à l’âge de 66 ans. Les membres les plus anciens de la SFN se souviennent de lui comme faisant partie du petit groupe de collectionneurs britanniques qui furent de fidèles participants aux Journées Numismatiques dans les années 1970, 1980 et 1990. Son nom restera également attaché à de nombreux articles dans le BSFN. Tony était comptable de profession, mais collectionneur dans l’âme. Ses collections étaient très variées. Les monnaies françaises médiévales lui tenaient à coeur. Il aimait débusquer les bonnes affaires hors des réseaux habituels, et ses grandes connaissances lui valurent de faire de belles découvertes. Mais il ne s’arrêtait pas là et ses recherches aboutirent régulièrement à des articles bien documentés. Pour n’en citer qu’un seul, sa contribution à la discussion sur les divisionnaires du gros tournois (publié dans The Gros Tournois, Oxford 1997) reste une référence. Son ami Robert Thompson prépare actuellement sa bibliographie.

 

Bibliographie de T. Merson

 MERSON , Robert Anthony (Tony), b. 22 May 1950; d. 24 Dec. 2016; FCA; BNS 1970+, silver membership medal 1998; RNS 1973+, Hon. Fellow 1999; Chairman & Hon. Treasurer, Surrey Postal History Group

 

Note: Tony reported a forthcoming piece on the Le Puy hoard jointly with the late Peter Woodhead, from the papers of Jean Lafaurie, but that has not been located, cf. BNJ 86 (2016), 289. He regularly read Coin News, and might have published therein more than the one letter.                                                                                                               R. H. Thompson

 BNJ = British Numismatic Journal (British Numismatic Society)

BSFN = Bulletin de la Société française de Numismatique

NC = Numismatic Chronicle (Royal Numismatic Society)

NCirc = Numismatic Circular (Spink & Son Ltd)

SCMB = Seaby’s Coin & Medal Bulletin, Seaby Coin & Medal Bulletin (B. A. Seaby Ltd).

1971a Exhibitions: ‘Le Trésor des Pirates’, a series of uniface reproductions…, BNJ 40 (1971), 192.

1972a Exhibitions: ‘Anglo-Gallic…’; ‘Britanny [i.e. Brittany]…’, BNJ 41 (1972), 207.

1974a Exhibitions: ‘French feudal coins attributed to Nicholas Briot’, BNJ 44 (1974), 94.

1974b ‘The Crondall hoard, 1828’, Quarterly Newsletter—Farnham Museum Society, 3 no. 9 (March 1974), 17-20; see also 1977f.

1974c ‘A preliminary note on the Farnham seventeenth-century traders’ tokens’, Quarterly Newsletter—Farnham Museum Society, 3 no. 10 (June 1974), 18-19.

1974d ‘Neatham –a link with Rome: the restoration of the Temple of Divus Augustus’, ibid. 20-21: illus.

1975a Exhibitions: ‘Twelve jettons…’, BNJ 45 (1975), 112.

1975b Exhibitions: ‘Reproduction of a medal struck… France in 1451’, BNJ 45 (1975), 115.

1975c ‘A curious aspect of monetary history: the use of Roman coins in later ages’, SCMB no. 680 (April 1975), 115-17.

1975d ‘Noah’s Ark on coins’, SCMB no. 679 (March 1975), 77-78. See also 1976a.

1975e ‘Un gros de Jean IV de Bretagne’, BSFN 30 no. 9 (Nov. 1975), 837 fig. B, 839-40.

1975f ‘Emissions de liards sous Louis XIV’, BSFN 30 no. 9 (Nov. 1975), 840-41.

1976a ‘More Noah’s Arks on coins’, SCMB no. 690 (Feb. 1976), 45-46. Cf. 1975d.

1976b [A find of clippings in Farnham Park], Farnham Herald, 25 June 1976. [See also 1977d, 1979a].

1976c ‘John Pinkerton’, SCMB no. 699 (Nov. 1976), 421-23.

1976d ‘Local numismatics [of Farnham]’, SCMB no. 700 (Dec. 1976), 470-74: illus.

1977a-b Exhibitions: ‘Two medals, 1. By Paget, 1928; 2. Possibly by P. Metcalfe, 1930’, BNJ 47 (1977), 160.

1977c ‘Two groats of Edward III with altered dies’, BNJ 47 (1977), 159-60.

1977d ‘Farnham, Surrey, England, 1976’, Coin Hoards 3 (1977), 134, no. 346. [See also 1976b, 1979a].

1977e [1625 list of documents in the Bailiffs’ Accounts], Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 4 no. 10 (June 1977), p. 193.

1977f ‘The Crondall hoard—1828’, SCMB no. 705 (May 1977), 173-7; reprinted from 1974b with an appendix.

1977g-h ‘Plus ça change’, SCMB no. 711 (Nov. 1977), 388-90; no. 712 (Dec. 1977), 424-25.

1978a Exhibitions: ‘A medallion of Sir Isaac Newton’, BNJ 48 (1978), 143.

1978b ‘The coinage of France in the Middle Ages’, Newsletter—London Numismatic Club, 6 no. 14 (July 1978), 305-11.

1978c-d ‘”Wellington’s mint”: coinage and the Peninsular War’, SCMB no. 721 (Sep. 1978), 272-74; no. 722 (Oct. 1978), 302-05.

1979a-b ‘A small hoard of clippings from Farnham Park, [and], Alderwasley, Derbys.’, BNJ 49 (1979), 127-28. [See also 1976b, 1977d].

1979c ‘A Tudor brass on the tomb of an auditor…’, BNJ 49 (1979), 140.

1979d Exhibitions: ‘The 25th Anniversary medal of Southampton Numismatic Society’, BNJ 49 (1979), 141.

1979e ‘Farnham, Middle Church Lane: …the coin weight’, Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 5 no. 6 (June 1979), 104-06: illus.

1979f ‘A borough inventory of 1662’, Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 5 no. 7 (Sept. 1979), 136-37.

1979g ‘A vieil heaume d’or of Louis de Maele of Flanders in copper?’, NCirc 87 (1979), 292.

1979h ‘A bronze medal of the London Institution’, NCirc 87 (1979), 500-01.

1979i ‘Louis XVIII 1815R 20 francs’, SCMB no. 733 (Sep. 1979), 293 (Letters to the editor, from the press, etc.).

1980a ‘Material for the study of seventeenth-century Farnham: Harley MS 6166, art. 35, ff. 119-120’, Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 5 no. 11 (Sept. 1980), 8-10: illus.

1980b ‘Here we go round to Mabberley’s “Bush”? : notes on a Farnham seventeenth-century token issuer’, Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 5 no. 11 (Sept. 1980), 229-37.

1982a ‘Excavations at Park Row, Farnham, Surrey: the coin’, Surrey Archaeological Collections, 73 (1982), 112.

1982b ‘Lead tokens: an introduction’, Quarterly Newsletter—Farnham & District Museum Society, 6 no. 7 (Sept. 1982), 151-52.

1983a ‘The history, architecture and archaeology of Johnson’s Corner, Alton: the coins and tokens’, Proceedings of the Hampshire Field Club and Archaeological Society, 39 (1983), frames 50-51; summary, p. 104.

1984a ‘Un monnayage anglo-breton au XIVe siècle?’, BSFN 39 no. 6 (juin 1984: Journées Numismatiques, Le Havre), 508-11: illus.

1986a ‘Quelques monnaies rares de Châteaudun et de Vendôme’, BSFN 41 no. 6 (juin 1986: Journées Numismatiques, Châteaudun), 66-67: illus.

1990a ‘The coins and tokens from Borelli Yard’, in: Excavations at Borelli Yard, Farnham, Surrey, 1985-86, [by] Nicholas Riall & Valerie Shelton-Bunn [Farnham, 1990], pp. 31-34.

1990b-c ‘Dr G. C. Williamson and Guildford’, SCMB no. 851 (June 1990), 137-39; 852 (July/Aug 1990), 165-68.

1992a ‘Le piéfort au Moyen-Age: nouveaux piéforts de deniers tournois de Saint Louis et d’Eudes IV de Bourgogne’, BSFN 47 (Sept. 1992), 393-95.

1997a-b The Gros Tournois: proceedings of the fourteenth Oxford symposium on coinage and monetary history, ed. N. J. Mayhew (Oxford: Ashmolean Museum in association with Royal Numismatic Society and Société française de Numismatique). Partial contents:

-R. A. Merson, ‘The silver mailles of Philip III (1270-1285) and Philip IV (1285-1314) of France’, pp. 399-419;

-R. A. Merson, ‘Gros tournois: a bibliography’, pp. 467-516.

1997c ‘Une monnaie rare retrouvée: le denier à la tête dite “chinonaise” ou anépigraphique (PA 212) à attribuer à Nantes, Xe siècle’, BSFN 52 no. 6 (juin 1997: Journées Numismatiques, Tours), 122-23.

1997d ‘Deux deniers rares ou inédits de Richard I, duc de Normandie (942-996)’ [par] Merson (R. A.), Woodhead (P.), BSFN 52 no. 6 (juin 1997), 123-25: illus.

1997e ‘A propos du tournois d’or à la croix (écu d’or de Saint Louis)’, [par] Bompaire (M.), Merson (R. A.), BSFN 52 no. 6 (juin 1997), 125-27.

1997f ‘Fragment d’une trouvaille de guénars tardifs de Charles VI (1380-1422)’, BSFN 52 no. 6 (juin 1997), 157-59: illus.

1998 ‘Gros tournois et mailles tierces: essai de classification’, BSFN 53 no. 6 (juin 1998: Journées Numismatiques, Laon), 134-39.

1999a ‘Binding question’, Coin News, 36 no. 7 (July 1999), 59 (Letters to the editor).

2001a-b Exhibitions: (1) ‘Medallion dated … 1833’; (2) ‘Royal Mint internal tokens’, BNJ 71 (2001), 213.

2002a-b Reviews: Marc Bompaire and Françoise Dumas, Numismatique Médiévale; Jean-Paul Divo, Numismatique de Murbach, NC 162 (2002), 453-54.

2002c Reviews: Roy S. Hanashiro, Thomas William Kinder & the Japanese Imperial Mint, 1868-1875, NC 162 (2002), 457-60.

2015 The London Mint of Constantius and Constantine, [by] Hubert J. Cloke & Lee Toone (London: Spink, 2015): R. A. Merson collection acknowledged, p. 244.

 

Décès de John Casey (1935-2016)

john-casyJohn Casey (1935-2016) est décédé à Londres à l’âge de 80 ans. Il fut l’un des pionniers d’une numismatique tournée vers l’étude du contexte archéologique, qui inspire aujourd’hui par exemple le Journal d’archéologie numismatique. Il avait commencé par collaborer à des fouilles de sauvetage à Londres alors qu’il était assistant bibliothécaire à l’Institute of Bankers. Il suivit alors quatre ans de cours du soir en vue du diplôme de l’Institute of Archaeology, puis obtint un master de l’Université de Cardiff et fit ensuite toute sa carrière comme Lecturer d’archéologie à l’université de Durham. Il publia avec R. Reece les actes du colloque Coins and the Archaeologist (1974) qui devint vite une sorte de classique en la matière au point de connaître une seconde édition en 1988. Il en avait incorporé la matière dans son excellent manuel Understanding Ancient Coins (1986). Il consacra une grande partie de son activité aux trouvailles romaines des sites britanniques (cf. son édition des études consacrées à The End of Roman Britain, BAR BS 71, 1979, v. c.-r. de M. Amandry, RN 1981, 159-160), et plus tard à des collections de musées turcs révélatrices de la circulation locale comme celles de Sinope  (A Catalogue of the Greek, Roman and Byzantine Coins in Sinop Museum (Turkey) and Related Historical and Numismatic Studies, London, 2010 ; v. c.-r. de M. Amandry, RN 2011, p. 552-555). Il est connu des numismates français surtout sans doute pour son livre méticuleux sur Carausius and Allectus: The British Usurpers (1994), même si sa localisation du troisième atelier de Carausius en Bretagne a été contestée en faveur de Rouen par B. Beaujard et H. Huvelin sur la base des trouvailles continentales (RN 1985 avec réf.). Il avait constitué à des fins pédagogiques une petite collection de monnaies grecques, romaines provinciales et byzantines qui a été mise en vente récemment (2 décembre 2016) par Morton and Eden – dont le catalogue est introduit par une nécrologie due à S. Bendall, son ami depuis plus de quarante ans. Le produit de la vente sera versé selon sa volonté à différentes sociétés savantes dont la Royal et la British Numismatic Society. Sa nécrologie a été publiée dans le Bulletin en ligne de la Society of Antiquaries qui lui consacrera une journée au printemps 2017.

Cécile Morrisson

Décès de Gérard Barré (1944-2016)

Gérard Barré nous a quittés le 8 mars 2016. Né à Rennes en 1944, il s’était établi comme expert numismate à Saint-Malo en 1972, puis à Rennes en 1978. Il devint copropriétaire et codirigeant de la Maison Platt en 1993 jusqu’à sa retraite en 2008. Membre titulaire de l’AINP entre 1983 et 2008, il en était membre correspondant depuis 2010. Au SNENNP, il fut successivement trésorier, vice-président, puis président. Il résidait en Arles depuis 20 ans. Il laissera l’image d’un homme affable et passionné par son métier. À sa veuve et à ses trois enfants, dont Sandrine et Anne-Claire qui sont numismates professionnelles à la Maison Platt, la SFN, dont il était membre correspondant, présente sa plus vive sympathie.

Décès de Jennifer Warren (1931-2016)

Jennifer WarrenJennifer Cargill Thompson, connue des spécialistes de numismatique grecque du monde entier sous son nom de jeune fille, Jennifer A. W. Warren, a disparu à la fin du mois de Janvier dernier à Londres. Descendant de missionnaires anglicans en Nouvelle-Zélande, elle-même fille, épouse et mère de clergymen, elle a passé sa jeunesse en Nouvelle-Zélande, avant de poursuivre des études classiques à Oxford, à partir de 1952. À l’issue de ses études, elle resta en Grande-Bretagne et devint l’assistante de recherche de Stanley Robinson au Department of Coins and Medals du British Museum. Après son mariage avec un professeur de théologie à l’université d’Oxford, elle devint une chercheuse indépendante en numismatique grecque, bénéficiant à plusieurs reprises de contrats à l’Institute of Classical Studies et au British Museum, où elle collabora principalement avec Martin Price, alors conservateur des monnaies grecques.

Spécialiste des monnayages du Péloponnèse, elle est l’auteur de plusieurs travaux remarquables, dont un article remettant en cause avec des arguments indiscutables la datation des monnaies hellénistiques de Mégalopolis par John Dengate. Son étude du difficile et profus monnayage de bronze de Sicyone, publié dans 3 volumes de la Numismatic Chronicle, de 1983 à 1985, et son livre sur le monnayage de bronze du Koinon achaien, publié en 2007, ont fait date et feront longtemps autorité. Depuis les années 1990, elle se passionnait pour le débat sur la chronologie des dernières émissions d’argent du Péloponnèse et avait livré plusieurs articles importants sur le sujet, renforçant l’hypothèse de datation basse de ces séries avancée par Christof Boehringer. La qualité de l’ensemble de ses publications lui avait valu en 2012 un prestigieux Doctorat en lettres de l’université d’Oxford.

De fait, la qualité de la trentaine d’articles et de la monographie publiée en 2007 lui a permis d’exercer une grande influence dans le champ d’étude qu’elle avait choisi, bien que le monde académique ne lui ait jamais donné de poste permanent dans un Musée ou une Université.

Elle laissera le souvenir d’un savant modeste et rigoureux, voire  scrupuleux, doté d’une personnalité enthousiaste, généreuse et attachante. Jennifer Warren entretenait des liens d’amitié avec plusieurs numismates français, notamment Denyse Berend, Hélène Nicolet-Pierre, et moi-même.

 

Principaux travaux de Jennifer Warren :

– The earliest triobols of Megalopolis , ANSMS (1969), 31-40.

– The Autonomous Bronze Coinage of Sikyon, NC (1983), 23-56 ; NC (1984), 1-24 ; NC (1985), 45-66.

– Updating (and Downdating) the Autonomous Bronze Coinage of Sicyon, Studies in Greek Numismatics in Memory of Martin Jessop Price, London, 1998, 347-361.

– Towards a resolution of the Achaian League silver coinage controversy: some observations on methodology, in M. J. Price, A. Burnett, R. Bland ed., Essays in Honour of Robert Carson and Kenneth Jenkins, London, 1993, 88-99.

– After the Boehringer revolution, the ‘new landscape’ in the coinage of the Peloponnese, Topoi 7 (1997), 109-114.

– More on the ‘New Landscape’ in the Late Hellenistic Coinage of the Peloponnese, in M. Amandry, S. Hurter ed, Travaux de Numismatique grecque offerts à Georges Le Rider, London, 1999, 375-393.

– The Silver Coins of Sikyon in Leiden, in S. Hurter, C. Arnold-Biucchi ed, Pour Denyse. Divertissements numismatiques, Berne, 2000, 201-213.

The Bronze Coinage of the Achaian Koinon The currency of a Federal Ideal, Royal Numismatic Society Special Publication 42, London, 2007.

Catherine Grandjean

Décès de Christian Augé, ancien président de la SFN (1943-2016)

Nous avons appris le décès de Monsieur Christian Augé, membre et ancien président de la SFN. La SFN adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

À l’occasion de la séance de rentrée, Michel Amandry, président de la SFN, a prononcé la nécrologie suivante, qui a été suivie par une minute de silence en hommage à M. Augé :

Christian Augé (1943-2016)

Décédé le 19 août dans les Cévennes, Christian Augé a passé une grande partie de sa vie au Proche-Orient, dont il était l’un des meilleurs connaisseurs. Directeur de recherches honoraire au CNRS, où il aura accompli toute sa carrière, il fut l’une des principales chevilles ouvrières du Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC) pour lequel il écrivit de très nombreuses notices consacrées aux divinités orientales.

Aimant passionnément la Jordanie, il s’y installa au début des années 2000 pour diriger la Mission archéologique française consacrée au grand sanctuaire du centre de Pétra, le Qasr el-Bint, et il avait continué d’y résider après sa retraite.

Numismate averti, il avait présidé notre Société entre 1999 et 2001, publiant dans le BSFN ou dans la RN des contributions qui avaient toutes trait à la Syrie et la Jordanie. Avec Fr. Duyrat, il avait édité en 2002 les actes d’une table ronde passionnante qui s’était tenue à Damas en novembre 1999, Les monnayages syriens. Quel apport pour l’histoire du Proche-Orient hellénistique et romain ? (Beyrouth, IFAPO 162).

Toujours généreux de son temps, faisant volontiers partager son érudition, Christian laissera l’image d’un érudit ouvert à de nombreuses cultures et d’un homme d’une grande affabilité.

Photo-Christian-Auge - copie