Décès de Bernard Rémy (1942-2020)

Né en 1942, Bernard Rémy a suivi des études d’Histoire à la faculté de Lyon et obtenu l’agrégation d’Histoire en 1966. Il a ensuite soutenu un doctorat de troisième cycle sous la direction de Marcel Le Glay en 1971, avant d’être l’élève d’Hans-Georg Pflaum et de Paul-Marie Duval dans leurs séminaires de l’École Pratique des Hautes Études, de 1972 à 1976. C’est en 1984 qu’il a présenté son doctorat d’État, réalisé sous la direction d’André Chastagnol.

Sa carrière universitaire l’a mené de Saint-Étienne (1968-1987) à Chambéry (1989-1993) puis Grenoble (1993-2007). Il a donc toujours consacré une grande partie de son temps à l’enseignement, à l’exception des années 1987 à 1989, où il a été détaché comme directeur des études pour l’Antiquité à l’Institut français d’Études anatoliennes d’Istanbul.

Chercheur infatigable, Bernard Rémy s’est intéressé à des domaines aussi variés que les institutions et l’administration romaines (ainsi ses livres sur le gouvernement des provinces d’Anatolie), la société (avec des ouvrages sur les femmes ou les “vieux” en Gaule romaine), les figures du pouvoir (biographies d’Antonin le Pieux et de Dioclétien), l’épigraphie (plusieurs volumes des Inscriptions latines de Narbonnaise et des Inscriptions latines d’Aquitaine), et bien entendu la numismatique.

Il avait rejoint notre Société en février 1973, parrainé par son maître H.-G. Pflaum et H. Huvelin. De 1976 à 2013, il a donné 28 communications ou correspondances au BSFN et contribué à la RN par des comptes rendus d’ouvrages. Les problèmes de circulation monétaire étaient au cœur de ses préoccupations : outre des publications comme Les monnaies romaines découvertes à Rodumna (Roanne, Loire). Essai de circulation monétaire (Lyon, 1985) ou Les monnaies de fouilles du sanctuaire de Viuz-Faverges (Haute-Savoie) (Annecy, 1997), il avait profité de son séjour à Istanbul pour organiser les premières Journées Numismatiques Anatoliennes dont le thème était la publication des monnaies de fouilles. C’est également durant ce séjour qu’est né son projet de corpora d’ateliers du nord de l’Anatolie. Sont ainsi parus Sébastopolis du Pont (Istanbul, 1998), Comana du Pont (Milan, 1999) et Zéla (Bordeaux, 2009), tous trois volumes co-écrits avec M. Amandry, et avec J. Dalaison pour le dernier. B. Rémy avait une force d’entraînement et d’autres études d’ateliers provinciaux de cette partie de l’Anatolie ont vu le jour sous la plume de ses collègues ou anciens étudiants : L Bricault, J. Dalaison, F. Delrieux ou F. Wojan.

Tous ses travaux ont largement contribué à l’enrichissement de la recherche et à la connaissance de l’ensemble du monde romain, et B. Rémy nous aurait donné plus encore si la maladie n’avait fini par prendre le dessus. Il repose désormais à Saint-Agrève, en Ardèche, dans le caveau familial.

Michel Amandry, Julie Dalaison et Patrice Faure